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EUROPE

   2008 թ,  սեպտեմբեր  12                                                    Politique                

Marie Anne Isler Béguin : « L’Europe ne doit pas flancher, car les Géorgiens comptent sur elle »

Les forces russes ont débuté leur retrait du territoire géorgien

Quelques jours seulement après le début des hostilités en Ossétie du Sud, la présidente de la délégation avec les pays du Sud-Caucase, Marie Anne Isler Béguin, s’est rendue en Géorgie à la demande du Président du Parlement européen. Sur place, la députée française a pu se déplacer dans la région du conflit et participer aux toutes premières négociations de cessez-le-feu. Jointe par téléphone hier, elle nous a raconté son périple et les espoirs de résolution de la situation, à l’heure actuelle.

Le 20 août dernier, la Commission des Affaires Etrangères, la sous-commission Sécurité et Défense et la Délégation avec les pays du Caucase du Sud ont tenu une réunion extraordinaire conjointe à propos de la Géorgie. La Ministre des Affaires Etrangères géorgienne, Eka Tkeshelashvili, était présente: elle a appelé l’Union Européenne à envoyer une mission dans son pays (voir communiqué de presse dans les liens ci-dessous).
 
Madame Isler Béguin, quelle était la situation en Géorgie lorsque vous vous y êtes rendue et qu’avez-vous observé sur place ?
 
« J’étais en Géorgie du 11 au 17 août, au moment où l’armée russe avançait sur Tbilissi. A trois reprises, j’ai essayé d’aller vers Gori. Un peu avant, à Kaspi (à 30 km de Tbilissi), j’ai pu constater que la cimenterie de la ville avait été bombardée, le pont endommagé et le chemin de fer coupé. Ainsi, même sur le territoire géorgien et en dehors de la zone de conflit, il y avait des impacts de bombardements russes. La population de cette ville était affolée.
 
Lorsque le Président russe Medvedev a signé l’accord de cessez-le-feu, j’ai accompagné l’ambassadeur de France. Ce qu’on a vu sur la route entre Kaspi et Gori était effrayant : les chars avaient pris position, les Russes creusaient des tranchées le long de la route. On a vu cette armée se déployer sur le territoire géorgien. Les soldats russes pratiquaient la guerre des nerfs avec les populations, car personne ne savaient ce qu’ils allaient faire.
 
La Russie depuis se retire, j’ai eu des témoignages de Géorgiens disant qu’ils avaient quitté des villages. Mais il reste 500 soldats russes laissés pour soi-disant « assurer la sécurité » sur le territoire géorgien : c’est inacceptable. »
 

La reconnaissance de l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud par la Russie était une épée de Damoclès qu’on savait présente

Marie Anne Isler Béguin

Que doit faire la communauté internationale ?
 
« De manière urgente, l’Union Européenne et les Etats-Unis devront négocier une résolution à l’ONU pour trouver un nouveau format de règlement du conflit. Les « soldats de la CEI » -à 99% des forces russes- avaient jusqu’à présent la légitimité d’assurer le maintien de la paix. Après cette guerre, les Géorgiens le refusent. Les Russes sont partie au conflit : ils ne peuvent plus assurer le maintien de paix. Des forces de paix crédibles aux yeux de l’opinion géorgienne doivent être désignées.
 
Il faut que des casques bleus soient déployés sous égide de l’ONU en Géorgie et dans les zones de conflit. La médiation de l’OSCE n’a pas fonctionné : elle devait envoyer 100 observateurs, et n’en a envoyé que 20. Aujourd’hui, pour être crédible et redonner confiance à ceux qui défendent la démocratie, il faut que ce soient des casques bleus. Il y a quand même eu une guerre ! »
 
La France a convoqué un sommet européen le 1er septembre sur le sujet : qu’en attendez-vous ?
 
« L’UE a soutenu la Géorgie par sa politique de voisinage. On savait que la situation était fragile et que tant que ces conflits gelés n’étaient pas résolus, aucun développement ne pouvait s’opérer. Il faut maintenant trouver un règlement dans l’urgence.
 
L’Europe doit assumer et aider à préserver ses valeurs. Les 27 doivent être unis pour défendre la démocratie et demander à la Russie un accord qui résolve cette question. La souveraineté de la Géorgie et ses frontières ont été reconnues, y compris par la Russie. L’UE ne doit pas flancher, car les Géorgiens, déçus par les Etats-Unis, comptent sur l’UE pour les aider. Le Conseil doit avoir le courage de prendre les décisions qu’il n’a pas prises depuis le début de l’escalade des tensions, qui durent depuis 2-3 ans.
 
Ma délégation défend une perspective d’entrée dans l’UE pour la Géorgie et les pays du Caucase du Sud, car sinon, qu’est-ce que peuvent attendre de nous  les pays de la région? Ils se tournent alors vers l’OTAN pour assurer leur sécurité, ce que refuse la Russie et qui a été en partie à l’origine de la crise. On voit plus que jamais que l’UE doit se mettre d’accord sur les grands enjeux internationaux.»
 
Lundi, la Douma a demandé la reconnaissance de l’indépendance de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie. L’intégrité territoriale de la Géorgie est-elle menacée ?
 
« La reconnaissance de l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud par la Russie était une épée de Damoclès qu’on savait présente. Après le Kosovo, Poutine avait prévenu des conséquences sur ces deux régions. Mais la différence, c’est qu’au Kosovo, c’est la communauté internationale qui a travaillé pour l’indépendance.
 
Nous sommes pour l’autodétermination des peuples, mais il faut que ce soit de tout le peuple ! Or, en 1994, environ 70% de la population géorgienne qui vivait en Abkhazie a été obligée de quitter la région abkhaze et s’est réfugiée sur le reste du territoire géorgien. L’autodétermination ne peut se faire que lorsque tous les habitants seront revenus, y compris ces Géorgiens d’Abkhazie.
 
Par ailleurs, les frontières de la Géorgie ont été reconnues par tous, y compris par la Russie ! La Russie refuse l’indépendance de la Tchétchénie, mais elle défend l’indépendance de ces deux territoires séparatistes et ce, alors qu’elle a reconnu l’intégrité territoriale de la Géorgie ! Il y a une contradiction évidente ».
 
Au lendemain de cet entretien, mardi, la Russie a annoncé reconnaître unilatéralement l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud. Le Parlement européen suit de près la situation. Nos pages "A la Une " et "Service de presse" vous informeront de toute nouvelle réaction ou décision. Plusieurs groupes politiques ont d'ores et déjà appelé à inscrire un débat et le vote d'une résolution sur la situation en Géorgie à l'ordre du jour de la prochaine session plénière des 1-4 septembre prochains.