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   Je. 23 juin 2005
   
        
    
  
  
      

         

   
        
   

 

 
 
 
 
                                                                                                                

ASSEMBLEE EUROPENNE)

 

SESSION DE 2005

(Troisième partie)

COMPTE RENDU
de la vingt-deuxième séance

Jeudi 23 juin 2005 à 10 heures

VEUILLEZ NOTER QUE CECI EST UNE VERSION PROVISOIRE DU COMPTE-RENDU DU 23 JUIN 2005 10 HEURES ET SERA CORRIGÉ PAR LES ORATEURS.

 

Dans ce compte rendu:

1.

Les discours prononcés en français sont reproduits in extenso.

2.

Les discours prononcés dans une autre langue font l'objet d'un compte rendu analytique.

3.

Les interventions en allemand et en italien, in extenso, dans ces langues, sont distribuées séparément.

4.

Les corrections doivent être adressées à la pièce 1035 au plus tard 24 heures après la distribution du compte rendu


SOMMAIRE

1.

Procès‑verbal

2.

Registres de présence et cartes de vote

3.

Déclarations écrites

4.

Organisation des débats

5.

Suivi du Troisième Sommet

 

Interviennent: le Président, M. Van den Brande (rapporteur de la commission des commissions politiques), Davis (Secrétaire Général du Conseil de l’Europe), Mme Ohlsson, MM. Wielowieyski, Schmied, Kosachev, Kox, Mme Cliveti, MM. Legendre, Vrettos, Hancock, Mme Papadimitriou, Mota Amaral, Avdić, Ateş (président de la commission des questions politiques)

 

Adoption des amendements nos 11, 2, 3, 5
Retrait de l’amendement n° 6
Adoption de l’amendement n° 10
Rejet de l’amendement n° 7
Vote de l’amendement n° 4 par division
Adoption du premier alinéa modifié
Retrait du deuxième alinéa
Adoption du troisième alinéa
Adoption du quatrième alinéa
Adoption du cinquième alinéa
Adoption de l’amendement modifié
Retrait de l’amendement n° 9
Adoption des amendements nos 8, 1
Adoption du projet de recommandation amendé

6.

Processus de réforme constitutionnelle en Arménie

 

Interviennent: le Président, MM. Jaskiernia et Colombier (co‑rapporteurs de la commission de suivi), Jurgens (rapporteur pour avis de la commission des questions juridiques et des droits de l’homme), Pourgourides, Eörsi, Kolesnikov, Rustamyan, Mercan, Mme Griffiths, M. Kocharyan, Mme Hajiyeva, M. Torosyan, Mme Naghdalyan, M. Seyidov, Mme Severinsen (vice‑présidente de la commission de suivi)

 

Rejet de l’amendement n° 1
Adoption de l’amendement n° 2
Rejet de l’amendement n° 3
Adoption du projet de résolution amendé

7.

Prochaine séance publique

 La séance est ouverte à 10 heures, sous la présidence de M. van der Linden, Président de l’Assemblée.

1. Procès‑verbaux

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Les procès‑verbaux des dix‑neuvième et vingtième séances ont été distribués.

Y a‑t‑il des observations?...

Tel n’est pas le cas.

Les procès‑verbaux sont approuvés.

2. Registres de présence et cartes de vote

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Je rappelle à tous les membres de l’Assemblée, suppléants et observateurs inclus, qu’ils doivent signer les registres de présence en entrant dans l’hémicycle.

Je demande aux représentants et suppléants dûment désignés d’insérer leur carte de vote dans le boîtier afin que nous puissions vérifier que le système de vote électronique fonctionne correctement.

Je demande aussi à tous ceux qui sont présents dans la salle d’éteindre leur téléphone portable pendant nos réunions.

3. Déclarations écrites

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Conformément à l’article 53 du Règlement, plusieurs déclarations écrites ont été déposées.

Une déclaration écrite n° 366 sur Srebrenica a été déposée, contenue dans le document 10613. Cette déclaration écrite est actuellement signée par trente‑six membres de l’Assemblée.

Une déclaration écrite n° 367 sur la solidarité avec les infirmières bulgares et le médecin palestinien emprisonné en Libye a été déposée, contenue dans le document 10614. Cette déclaration écrite est actuellement signée par vingt‑neuf membres de l’Assemblée.

Les représentants et suppléants qui désirent ajouter leur signature au bas de l’une de ces déclarations peuvent le faire au service de la Séance, pièce 1083. Dans ce cas, ces déclarations écrites seront à nouveau distribuées deux semaines après la clôture de la présente partie de session, munies de toutes les signatures recueillies.

4. Organisation des débats

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Mes chers collègues, l’ordre du jour de ce matin est très chargé avec deux débats d’urgence: le premier sur le suivi du Troisième Sommet avec vingt et un orateurs, l’intervention de M. Terry Davis, Secrétaire Général du Conseil de l'Europe, et onze amendements; le second sur le processus constitutionnel en Arménie, avec quinze orateurs et trois amendements.

Je vous propose l’organisation des débats suivante: il nous faudra interrompre la liste des orateurs sur le premier débat vers 11 h 10 afin de terminer ce débat, votes inclus, vers 11 h 55.

Pour le second débat, nous interromprons la liste des orateurs vers 12 h 45.

Je vous rappelle par ailleurs que l’Assemblée a décidé, au cours de sa séance de lundi après‑midi, de limiter le temps de parole des orateurs à quatre minutes.

Il n’y a pas d’opposition?...

Il en est ainsi décidé.

5. Suivi du Troisième Sommet

LE PRÉSIDENT (Traduction). – L’ordre du jour appelle, dans le cadre de la procédure d’urgence, la présentation et la discussion du rapport de M. Van den Brande, au nom de la commission des questions politiques, contenu dans le document 10602.

La présentation du rapport sera suivie de l’intervention de M. Terry Davis, Secrétaire Général du Conseil de l'Europe.

La liste des orateurs a été close hier à 19 heures. Vingt et un orateurs se sont fait inscrire et onze amendements ont été déposés.

La parole est à M. le rapporteur de la commission des questions politiques.

M. Van den BRANDE (Belgique), rapporteur, (Interprétation) déclare que le Troisième Sommet a été un événement capital et ses résultats sont impressionnants. Une déclaration commune et un plan d’action ont été adoptés. Le Président de la Pologne, qui en était l’hôte, a déclaré que jamais auparavant, l’Europe n’avait été aussi proche de l’unité.

La couverture médiatique a été assurée par plus de 1 400 journalistes accrédités. L’écho a cependant été parfois décevant.

Le plan d’action vise notamment à améliorer le fonctionnement de la Cour européenne des droits de l’homme. Un groupe de sages va être créé pour élaborer une stratégie en ce sens et l’Assemblée doit y présenter des candidats.

En ce qui concerne l’architecture de l’Europe, les chefs d’État et de gouvernement ont confié à M. Junker la tâche de préparer un rapport sur les relations entre le Conseil de l’Europe et l’Union européenne. La coopération et la complémentarité entre ces institutions et l’OSCE doivent être renforcées pour éviter des doublons.

L’Assemblée parlementaire doit maintenant réfléchir à la réorganisation de ses activités en fonction des priorités assignées par le sommet et élaborer un calendrier correspondant. Le rapporteur invite le Président à présenter un candidat pour le groupe des sages.

L’Assemblée a aussi vocation à s’associer aux campagnes contre la violence envers les femmes, au groupe de travail sur la cohésion sociale et au programme d’action de trois ans contre la violence envers les enfants.

LE PRÉSIDENT (Traduction). ‑  La parole est à M. Terry Davis, Secrétaire Général du Conseil de l’Europe.

Ce plan d’action n’est donc pas un simple travail de «jardinage de routine». Il faut aussi envisager de planter de nouvelles espèces. La création d’un groupe de sages, le  pour l’avenir de la démocratie, le centre d’expertise sur la réforme de l’administration locale et le groupe de travail sur la cohésion sociale font partie de ces «nouvelles plantes».

Le Secrétaire général estime que le Conseil de l’Europe doit mener campagne sur deux thèmes prioritaires: d’une part la torture et toutes les formes de traitements dégradants, d’autre part le racisme et les discriminations.

Ce travail se fera en coordination avec l’OSCE, l’Union européenne et les Nations unies; les relations nouées dans le passé seront encore renforcées.

LE PRÉSIDENT (Interprétation) assure le Secrétaire général du soutien de l’Assemblée. Il ouvre la discussion et donne la parole à Mme Ohlsson.

Mme OHLSSON (Suède) (Interprétation) félicite le Secrétaire Général au nom du Groupe socialiste.

Le Troisième Sommet a été bien préparé et tout sera fait pour en assurer le suivi. L’Assemblée se réjouit que la plupart de ses propositions aient été reprises dans les textes adoptés par le Sommet. Il appartiendra aussi aux parlementaires d’œuvrer dans leurs pays respectifs pour une Europe sans clivage respectant les trois valeurs de base.

L’oratrice salue la décision de créer un forum pour l’avenir de la démocratie, avec la participation active des parlementaires

La lutte pour les droits de l’homme doit inclure tous les êtres humains, hommes, femmes, enfants. Chaque jour en Suède, soixante femmes déposent une plainte pour violences conjugales ou familiales à la police et le nombre des violences non déclarées est très important. Nous ne pouvons pas laisser des milliers de femmes et d’enfants vivre la violence au quotidien dans nos pays. Il est donc heureux que le Conseil de l’Europe prépare une campagne sur ce thème.

Les propositions visant à augmenter l’efficacité du travail de la Cour européenne des Droits de l’Homme sont également les bienvenues.

Enfin il est très important de renforcer la coopération avec l’Union européenne et l’OSCE (Applaudissements)

LE PRÉSIDENT. – La parole est à M. Wielowieyski.

M. WIELOWIEYSKI (Pologne). ‑ Monsieur le Président, nous vivons un temps et des événements extraordinaires. Lors du Troisième Sommet, le président polonais déclarait que l’Europe n’avait jamais été aussi forte et unie. Or, en quelques semaines, nous assistons à une crise profonde. L’Europe reste une puissance riche de potentiels économiques et, surtout, humains; elle présente une bonne organisation économique, mais, et je m’exprime au nom du parti populaire européen, il lui manque la cohésion politique et une force politique interne suffisante, fondée sur un feed‑back entre les chefs d’État et les citoyens.

Les deux référendums ont prouvé l’absence de cette cohésion. Le rejet catégorique des propositions présentées par des organes représentatifs des pays respectifs est au cœur du problème. Une crise profonde de la démocratie, principalement due à un déficit démocratique, touche la citoyenneté européenne.

L’absence des grands chefs d’État européens à Varsovie est un autre révélateur de cette grande faiblesse, liée – hélas! – à la faiblesse de nos valeurs et des principes communs que nous avons voulu promouvoir et renforcer.

Les résultats des référendums, puis l’échec du Conseil Européen, ainsi que le débat d’hier sur l’évolution politique de la Russie sont de graves avertissements de notre faiblesse politique et structurelle. Dès lors, la promotion de nos tâches principales – droits de l’homme, démocratie, prééminence du droit – n’a jamais été aussi nécessaire.

Le Conseil de l’Europe est indispensable pour surmonter cette faiblesse européenne. Certains points dans le plan d’action du Sommet sont ici d’extrême importance. Il s’agit surtout du  sur l’avenir de la démocratie mais aussi des tâches pour le Congrès concernant l’autonomie locale, des jalons pour une éducation civile et la coopération des jeunes et avec des jeunes.

On doit le rappeler, c’est à juste titre que le Sommet a porté l’accent sur une mise en œuvre avec une extrême rapidité. Il y a cependant toujours le danger que l’idée du forum de promouvoir la démocratie et la citoyenneté active peut se perdre dans un débat chaotique et vain. C’est alors un problème crucial: comment les propositions pour notre Conseil et pour l’Europe entière seront‑elles préparées?

Le Comité des Ministres est en train de préparer un programme pour le forum qui devrait être composé surtout de représentants des gouvernements, des ONG, avec une faible présence de l’Assemblée. Pour nous, qui, de façon solide et concrète, avions préparé et voté quelques rapports très importants pour les diagnostics et pour la promotion de la démocratie, il est évident que c’est seulement grâce à un groupe de travail commun à l’Assemblée et au Comité des Ministres que doivent être préparées les propositions pour commencer l’œuvre et décider de la composition du forum.

Dans les projets du Comité des Ministres, on propose de se pencher sur les phénomènes de la «fatigue» démocratique. Or ces problèmes ont déjà été traités d’une façon approfondie et synthétique dans notre Assemblée.

Il nous faut alors nous pencher surtout sur la façon d’utiliser les résultats du travail accompli avant de dresser les principes et méthodes du travail analytique qui pourront rendre possible une évaluation par le forum des diagnostics pour une présentation au Comité des Ministres, à l’Assemblée et à l’opinion publique européenne de nos propositions exigées par le plan d’action que nous présente le Sommet. Nous avons devant nous un travail immense (Applaudissements)

LE PRÉSIDENT. – La parole est à M. Schmied.

M. SCHMIED (Suisse) ‑ Je souhaite remercier et féliciter la commission des questions politiques et son rapporteur.

L’Europe constitue une plaque tournante du monde. Or l’Europe est bien ce qu’elle est devenue, en particulier grâce à la présence et à l’activité du Conseil de l’Europe. Notre organisation, à laquelle sont affiliés 46 États englobant près de 800 millions de personnes, est le laboratoire d’idées des droits de l’homme et de la démocratie participative. Au fil des ans, le Conseil de l’Europe a progressé et a gagné en estime jusqu’à devenir la conscience même de l’humanité, et ce à large échelle.

Suite au Troisième Sommet qui vient de se tenir, notre priorité restera indéniablement celle de nous ériger en gardien des droits élémentaires de l’homme et de nous porter garants de tous les acquis obtenus à ce jour au prix de maints efforts de persuasion, car nous n’avons jamais contraint un quelconque pays à adhérer à nos thèses. Notre lien commun repose sur la bonne volonté et la perspicacité de faire mieux encore à l’avenir pour le bien‑être collectif et individuel.

J’en suis convaincu, nous veillerons à l’avenir aussi à ce que le Conseil de l’Europe ne perde pas de vue son objectif premier, à savoir le respect du citoyen et la protection de ce dernier face à ses semblables et face à l’Est. Le Conseil de l’Europe doit son succès au fait qu’il place l’être humain, quel que soit son niveau social, son quotient intellectuel, son état de santé –ou d’invalidité–, quel que soit son âge, comme étant de fait une personne égale à son égal. A cela nous ne voulons rien changer.

Rendre à la vie humaine sa dignité et sa valeur: voilà une noble tâche, une tâche permanente, s’il en est à découvrir par chaque nouvelle génération montante. Les valeurs de la vie se laissent rechercher, elles qui ne sont pas retransmises simplement par code génétique interposé.

Il m’importait de dire ces choses au nom du groupe LDR. Fort élémentaires à première vue, elles ne sont pourtant pas évidentes à en croire l’expérience et les leçons d’histoire. Donc elles sont précieuses à nos yeux.

Le Troisième Sommet a bien eu lieu. Nous sommes convaincus qu’il fut une réussite; et les absents ont eu tort. La réussite de ce Sommet nous ouvre la voie sur un grand chantier qu’il nous appartient maintenant de maîtriser. Nous le ferons en commun, en découvrant plus intensément encore l’art de la collaboration. Cette dernière passe inévitablement par une coordination plus optimale encore de nos institutions: Conseil des Ministres, Parlement, États impliqués.

Les chefs d’État se sont unis pour fixer de nouveaux objectifs à l’issue dudit Sommet. Un problème demeure cependant: les finances ne suivent pas. Nous aurons d’ailleurs l’occasion de revenir sur cette question. Ce paradoxe risque à terme de nous conduire dans l’impasse.

Nous ne pourrons pas faire tout à la fois. La marge de manœuvre est faible dans l’art de fixer nos priorités et les erreurs de décisions pourraient nous être fatales.

Veillons donc premièrement à ne pas mettre en péril les structures de notre Assemblée et surtout pas celles de nos commissions qui, pour certaines d’entre elles, ne disposent toujours pas des secrétariats dont les effectifs avaient été décidés pourtant lors de la réduction du nombre des commissions de 14 à 10 en 2001.

Si des changements doivent intervenir, ils doivent d’abord provenir de la part des parlementaires, donc de nous toutes et tous, car nous‑mêmes manquons trop souvent de discipline au sein de notre Assemblée et de nos commissions.

De grâce, mesdames, messieurs, chers collègues, gardons‑nous d’affaiblir les structures dont nous disposons. Ne tuons pas la vie dans l’œuf maintenant que nous comptons quarante‑six membres au sein de notre grande et belle famille dont nous pouvons être fiers malgré les imperfections. (Applaudissements)

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à M. Kosachev.

M. KOSACHEV (Fédération de Russie) (Interprétation) s’exprime au nom du Groupe des démocrates européens. Les résultats du Troisième Sommet ne peuvent laisser indifférent. L’Assemblée avait présenté des propositions concrètes qui ont été partiellement reprises par le Comité des Ministres. On peut donc affirmer que la contribution de l’Assemblée parlementaire a été positive. Le Sommet a confirmé le mandat du Conseil de l’Europe pour la poursuite de ses activités. C’est important car avec ses quarante‑six États membres, l’Organisation est la seule à permettre le développement d’une Europe sans clivages.

Il faut donc redynamiser dès aujourd’hui les activités du Conseil de l’Europe en faisant preuve de créativité, essentiellement dans les domaines juridique et humanitaire. Il s’agit de combler les lacunes, de remplir les exigences éthiques et sociales afin de ne laisser aucune zone d’ombre dans le processus d’intégration européenne. Le Conseil des Ministres doit s’intéresser davantage aux besoins réels des populations dans les domaines sociaux, économiques et politiques.

Rien n’est plus dangereux que la peur d’agir. Les idéaux défendus par le Conseil de l’Europe sont essentiels et le Sommet a contribué à le confirmer. Cependant il faut davantage d’action et le Comité des Sages devra être envisagé comme une sorte de laboratoire d’idées nouvelles. Il faudrait notamment rendre le processus de suivi plus transparent et plus démocratique. On attend enfin de M. Junker des idées intéressantes pour mettre les grandes institutions en phase et pour établir une coopération étroite entre Strasbourg et Bruxelles sur les plans législatif et normatif. L’Europe vit actuellement une crise grave mais elle doit rester unie. Cette mission incombe au Conseil de l’Europe. (Applaudissements)

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à M. Kox.

M. KOX (Pays‑Bas) (Interprétation) parle au nom de la Gauche unitaire européenne. Il constate que plusieurs chefs d’État et de gouvernement n’ont pas trouvé le chemin de Varsovie. Ce fut le cas de MM. Poutine, Blair et Chirac pour ne citer qu’eux. A moins qu’ils aient préféré ne pas venir pour éviter que le Sommet n’aboutisse à un échec. Ces absences remarquées montrent qu’il reste beaucoup à faire pour persuader les gouvernements de l’importance du Conseil de l’Europe en tant qu’institution paneuropéenne.

Parmi les actions à mener, il faut se concentrer sur la raison de vivre de l’Organisation: la démocratie, l’État de droit, les droits de l’homme et la cohésion sociale. Il faut informer davantage les parlements nationaux des activités de l’Assemblée parlementaire et instaurer des débats combinés. Les parlementaires doivent employer le même langage à Strasbourg que dans leur pays et continuer à y défendre les idées qu’ils respectent ici. Il convient de renforcer la position de l’Assemblée face au Comité des Ministres et dire à celui‑ci que le Plan d’Action devra être suivi d’engagements clairs. Ceux‑ci devront éviter les doubles emplois et les moyens nécessaires devront être dégagés pour la promotion des grands principes. Il faudra également trouver une solution à l’engorgement de la Cour des droits de l’homme.

La création d’un Comité des Sages est une bonne idée mais elle sera insuffisante, surtout si la Cour continue à manquer de moyens. Quant à l’Assemblée parlementaire, elle doit se concentrer davantage sur l’essentiel de ses activités et produire de meilleurs rapports. Il est possible d’améliorer le travail dans l’intérêt de la démocratie, de l’État de droit, des droits de l’homme et de la cohésion sociale pour augmenter la crédibilité du Conseil de l’Europe. (Applaudissements)

LE PRÉSIDENT. – La parole est à Mme Cliveti.

Mme CLIVETI (Roumanie) – Monsieur le Président, chers collègues, le Troisième Sommet a été l’occasion de réaffirmer le rôle du Conseil de l’Europe dans le nouveau monde européen. Les grands changements qui sont intervenus dans l’espace européen, l’intérêt manifesté par certains États membres de rejoindre l’Union européenne, l’approche de pays qui autrefois semblaient extrêmement éloignés les uns des autres, l’ouverture de l’Europe à d’autres continents, sont autant de raisons qui expliquent que notre organisation gagne en visibilité.

Conformément à ces buts et idéaux, le Conseil de l’Europe doit devenir de plus en plus la tribune la plus haute, d’où on affirme et on défend les droits de l’homme et la primordialité du droit et d’où on trouve des solutions pour améliorer les relations entre les êtres humains et entre les États, et pour changer les mentalités.

Je considère que la déclaration finale et le plan d’action adopté à Varsovie peuvent contribuer à réaliser ces objectifs à condition que les États membres manifestent la volonté politique nécessaire et que le processus de suivi soit permanent.

En tant que présidente de la commission sur l’égalité des chances pour les hommes et les femmes, je salue les engagements pris en vue de préparer et de mener une campagne paneuropéenne pour combattre la violence à l’encontre des femmes et la violence domestique. Cette campagne qui aura sans doute des missions et des objectifs spécifiques pourrait être optimisée par d’autres mesures proposées dans le même document.

Premièrement, il s’agit d’accorder le maximum d’attention aux jeunes: les documents du Troisième Sommet proposent de mener une campagne paneuropéenne en direction de la jeunesse, destinée à promouvoir la diversité, l’intégration et la participation sociale, ainsi que les processus démocratiques, avec pour objectifs l’égalité entre les jeunes femmes et les jeunes hommes, l’implication paritaire de tous les domaines, l’éducation de la jeune génération dans un esprit d’égalité des chances.

Deuxièmement, la dimension parlementaire devrait être davantage présente dans les relations entre les organisations internationales. L’intérêt que le Conseil de l’Europe et le Parlement européen manifestent pour prévenir la violence à l’encontre des femmes devrait mener à des actions communes ou complémentaires, où les deux institutions se soutiendraient. La commission sur l’égalité des chances pour les hommes et les femmes auprès de l’Assemblée parlementaire a déjà invité la commission des droits des femmes et de l’égalité des genres du Parlement européen à collaborer dans ce domaine. La présence parmi les membres de la commission du Parlement européen d’anciens membres de notre commission permet de prendre des contacts plus rapides et plus faciles.

Troisièmement, la proposition d’établir un centre d’expertise sur la réforme des pouvoirs locaux pour promouvoir la démocratie et la bonne gouvernance aux niveaux local et régional, permet d’analyser directement et concrètement la manière dont les citoyens perçoivent les messages, d’améliorer leur compréhension du fonctionnement des instruments du Conseil et les encourage à considérer de plus en plus notre organisation comme un vrai temple de la démocratie. En même temps, l’application de la loi pourrait paraître abstraite et contestable, les messages du Conseil de l’Europe doivent réaliser d’une manière consciencieusement assumée la primordialité du droit.

Chers collègues, l’heure est au bilan et à l’analyse pour le Conseil de l’Europe. C’est, nous l’espérons, le début d’un long et fructueux chemin. (Applaudissements)

LE PRÉSIDENT. – La parole est à M. Legendre.

M. LEGENDRE (France). – Monsieur le Président, mes chers collègues, je veux à mon tour formuler quelques réflexions sur le Troisième Sommet de notre organisation et sur le rôle de notre Assemblée dans le suivi du Plan d’action.

Je me suis réjouis de lire dans ce plan d’action un appel réitéré au renforcement du rôle du Conseil de l’Europe en faveur de la promotion des valeurs culturelles. Un paragraphe est même consacré à la protection et à la promotion de la diversité culturelle.

Quant aux «lignes directrices sur les relations entre le Conseil de l’Europe et l’Union européenne», on y trouve également une invitation à la coopération en vue de développer les «échanges culturels».

Cette coopération devrait se dérouler dans le cadre, je cite, «d’une complémentarité accrue».

Compte tenu de l’incertitude qui pèse, et je le regrette très vivement, sur l’évolution de l’Union européenne, et la culture demeurant une compétence subsidiaire de l’Union, le Conseil de l’Europe a donc un rôle éminent à jouer.

Ouvrant à Paris les récentes Rencontres pour l’Europe de la Culture, Jacques Chirac a pu dire: «La réalité de l’Europe a été culturelle bien avant d’être économique ou politique. Depuis l’origine, nos cultures sont entrées en résonnance, faisant progressivement émerger des héritages, des émotions, une conscience à partager. Dans l’échange comme dans les épreuves, les peuples de l’Europe ont forgé, au fil des siècles, une culture, une identité et des valeurs communes. La construction politique de l’Europe n’aurait pas été possible sans cet héritage commun qui l’enracine dans notre histoire commune».

Je partage profondément cette conviction que la diversité de notre patrimoine, de la Lettonie à Chypre, de l’Irlande à l’Albanie, est la source où nous pouvons puiser les leçons nécessaires de notre histoire et de ses conflits fratricides; la force aussi de les surmonter avec la prise de conscience de nos valeurs et de notre destin désormais commun.

C’est dans cet esprit que je souhaite que notre Secrétaire Général et le Comité des Ministres soutiennent, conformément au Plan d’action, les travaux de notre commission de la culture et de notre Assemblée.

La mise en valeur d’itinéraires à travers tout le continent européen ne se résume pas à la restauration de vieilles pierres ou à la célébration de figures disparues: la trace de l’œuvre romaine, un anniversaire d’Erasme ou de Goethe intéressent un peu plus que les archéologues ou les professeurs. Il s’agit de rien de moins que de la culture d’une conscience européenne précisément constituée de la diversité des créations de l’esprit. C’est d’ailleurs la vraie dimension des travaux de notre commission de la culture et celle qui inspire toutes les propositions qu’elle soumet à l’Assemblée comme les messages que nous adressons aux gouvernements de la grande Europe.

Mes chers collègues, l’Europe est en crise. Une des réponses, ne nous y trompons pas, à la crise de l’Europe, se trouve dans la culture. (Applaudissements)

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à M. Vrettos.

M. VRETTOS (Grèce) (Interprétation) félicite le rapporteur de la commission des questions politiques qui a préparé un rapport à la fois excellent et concis. Le Président de la commission des questions économiques, M. Kirilov, a demandé à M. Vrettos de formuler quelques observations au nom de la commission. Celle‑ci a toujours privilégié la notion de bonne gouvernance. C’est en effet un élément vital pour permettre une croissance économique durable. Aucun développement n’est possible sans une maîtrise de la corruption et de la criminalité organisée, deux thèmes dont la commission des questions économiques s’est beaucoup occupée.

L’Assemblée parlementaire a adopté l’année dernière une recommandation relative à la Banque de développement du Conseil de l’Europe. Il faut veiller à ce que l’activité de cette Banque se concentre davantage sur les pays les plus pauvres pour favoriser leur évolution.

La cohésion sociale figure dans le Plan d’Action. Le développement des droits sociaux nécessite des ressources suffisantes et celles‑ci découlent directement de la croissance économique. La commission des questions juridiques et du développement compte être active et envisager les réformes nécessaires pour rendre la politique sociale compatible avec l’évolution économique.(Applaudissements)

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à M. Hancock.

M. HANCOCK (Royaume‑Uni) (Interprétation) suggère avec un peu de cynisme de comparer les rapports des Trois Sommets de chefs d’État et de gouvernement. On s’apercevra qu’à part l’ordre des mots, il y a peu de différence entre eux. L’orateur regrette que l’Assemblée parlementaire se saborde elle‑même. Il suffit de voir le nombre de parlementaires présents pour s’en convaincre. On trouve plus de parlementaires dans les rues de Strasbourg que dans l’hémicycle. Cet absentéisme est déplorable. Si l’on veut être pris au sérieux, il faut commencer par s’engager pleinement. C’est la seule façon d’assurer la crédibilité de l’Assemblée parlementaire auprès des autres organisations. Il faut aussi que les parlements nationaux prennent en considération les résolutions et les recommandations de l’Assemblée ce qui permettra d’accroître l’intérêt de l’opinion publique pour les questions européennes.

L’instrument le plus connu du Conseil de l’Europe dans le grand public est la Cour européenne des Droits de l’Homme. Pour mieux informer la population sur les réalisations du Conseil de l’Europe, les autorités disent connaître la solution. Il faut que l’Organisation revienne à ses valeurs essentielles. L’orateur n’a cependant jamais entendu quelqu’un dire quelle valeur était la plus importante. Ce sont en fait les parlementaires qui doivent prendre leurs responsabilités. Quant à la Cour européenne, elle doit être correctement financée et être dotée du personnel nécessaire, pour lui permettre de poursuivre son action. Une réflexion approfondie sur ses ressources s’impose certainement mais il ne faut pas qu’elle se fasse au détriment de l’Assemblée parlementaire. (Applaudissements)

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à Mme Papadimitriou.

Mme PAPADIMITRIOU (Grèce) (Interprétation) félicite et remercie le rapporteur et le secrétaire général qui ont représenté l’Assemblée parlementaire à Varsovie. Elle apprécie leur engagement à sa juste valeur.

Le paragraphe 3 constitue le cœur du projet de recommandation en indiquant que le succès définitif du Sommet dépendra de la suite donnée aux décisions prises à Varsovie. C’est effectivement une priorité absolue. La délégation grecque a une idée claire de ce que signifie ce suivi.

Le suivi ne peut être vu uniquement comme une fragmentation des activités du Conseil de l’Europe, qui vont de la formation des juges à la promotion des sports. Néanmoins le plan d’action est clair, le Conseil doit se concentrer sur son mandat essentiel. Dans ce cadre la Cour européenne des droits de l’homme est une priorité, mais on ne peut se contenter de paroles car les dossiers en retard s’accumulent, il faut absolument avancer. Dans cet esprit, l’oratrice se félicite de la décision du Comité des Ministres de créer un Comité des sages.

Comme l’ont souligné MM. Kox et Hancock, si l’Assemblée parlementaire veut s’acquitter de sa mission, il faut qu’elle agisse plus efficacement et qu’elle soit plus présente sur tous les terrains, en‑dehors de cet hémicycle. (Applaudissements)

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à M. Mota Amaral.

M. MOTA AMARAL (Portugal) (Interprétation) juge que la remarquable organisation de ce Sommet prouve la force du Conseil de l’Europe. Il soutiendra tous les efforts qui seront déployés pour la mise en œuvre du plan d’action qui amène le Conseil à se concentrer sur ces objectifs historiques: droits de l’homme, démocratie, protection des minorités, participation des citoyens.

Il convient en particulier de renforcer la coopération entre l’Assemblée et les Parlements nationaux et de veiller au suivi des décisions prises par l’Assemblée. Trop souvent, elle produit d’excellents documents qui sont envoyés aux ministres, mais qui s’arrêtent là. Il convient en particulier de mener à bien les chantiers ouverts sur les mandats, l’organisation des débats et le système de quorum. (Applaudissements)

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à M. Advić.

M. ADVIĆ (Bosnie‑Herzégovine) (Interprétation) se félicite que le plan d’action trace le cadre de nouvelles coopérations pour la protection des droits de l’homme, la démocratie et l’État de droit.

Le non français et néerlandais au traité constitutionnel et la suspension de la consultation britannique ont un impact direct sur le Conseil qui doit être plus actif, changer de méthodes et d’activités, faire preuve de plus d’esprit de responsabilité. C’est à la lueur de l’euroscepticisme qui menace la vision commune de l’avenir européen, que doivent être analysés les documents du Troisième Sommet. Le Conseil doit innover pour renforcer son influence afin de pérenniser les valeurs fondamentales de la civilisation européenne. Pour sa part, l’Union européenne doit faire preuve de responsabilité tant vis‑à‑vis des États membres que des candidats à l’adhésion, y compris les pays des Balkans occidentaux. L’Union a plus que jamais besoin d’une coopération étroite avec le Conseil.

Ce dernier est confronté à de nouveaux défis, en particulier aux violations des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Le Comité des ministres doit faire des propositions pour une refonte du Conseil à partir desquelles le Bureau de l’Assemblée devrait préparer la prochaine session.

L’orateur s’associe à tous ceux qui ont invité le Parlement européen à adhérer au Conseil de l’Europe, la Maison européenne de la démocratie s’en trouverait enrichie et cela contribuerait à apporter des réponses aux questions sur l’identité européenne et sur les politiques de sécurité et des affaires étrangères.

Les recommandations, les résolutions, les déclarations, les avis ne suffisent pas à défendre les droits de l’homme, la démocratie et l’État de droit. Mais, pour les petits pays du continent européen, le Conseil de l’Europe est une ancre à laquelle ils s’arriment dans leur navigation vers un monde meilleur. (Applaudissements)

LE PRÉSIDENT (Interprétation) constate qu’il faut maintenant interrompre la liste des orateurs. Ceux qui, présents pendant le débat, n’ont pu s’exprimer, pourront déposer leur intervention au service de la séance aux publications au compte rendu.

Le Président invite M. le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe à répondre aux intervenants.

M. DAVIS (Interprétation) indique à Mme Ohlsson et à M. Legendre que la campagne contre les violences à l’encontre des enfants fera bien l’objet d’une inscription budgétaire puisqu’elle figure parmi les 32 lignes d’actions reprises dans les propositions qu’il a faites au Comité des Ministres.

La Cour européenne des Droits de l’Homme ne bénéficiera en revanche que des augmentations techniques obligatoires. Elle présentera toutefois au Comité des Ministres et au Secrétaire Général un programme de mobilisation de fonds renforcé afin de pouvoir traiter les 80 000 affaires en suspens non plus en termes d’années mais de mois. Même après la création du Comité des Sages, il faudra bien un an pour qu’il fasse des propositions et encore un ou deux ans pour qu’elles soient mises en œuvre. Pendant ce temps, le nombre de dossiers en souffrance continuera à augmenter et il devrait y en avoir 250 000 en 2010. Il y a là un problème de ressources humaines, mais, même avec les 235 créations de postes envisagées en trois ans, il y aurait encore 210 000 requêtes en attente!

Pour sa part, l’Assemblée doit gagner en efficacité mais, en dépit des critiques, elle est bien la seule voie démocratique et il ne sera pas possible de mener à bien le plan d’action sans elle. (Applaudissements)

LE PRÉSIDENT (Interprétation) appelle la réplique de la commission et donne la parole au rapporteur.

M. Van den BRANDE (Belgique) (Interprétation) rend hommage à M. Kosachev, qui a préparé le terrain et rédigé les propositions pour le Troisième Sommet. Comme l’ont dit plusieurs intervenants, le travail ne fait que commencer et il faudra utiliser ces propositions pour resserrer les rangs et renforcer la coopération. Le Conseil devra donc se concentrer sur ses missions essentielles, montées en puissance, et faire davantage le lien entre ce qu’il entreprend et la population. Il conviendra également que l’Organisation fasse peau neuve et il faudra éviter tout antagonisme entre l’Assemblée, le Secrétaire Général et les autres organes.

Il faut par ailleurs éviter de sombrer dans le populisme et la démagogie: au lieu de dire non, il faut dire oui à un certain nombre de choses, car il est trop facile de critiquer sans assumer ses responsabilités.

Pour préparer l’avenir, l’Assemblée devra mettre les bouchées doubles dans les mois qui viennent. Il faut aujourd’hui la foi et les actes, c’est ainsi qu’on ira vers un avenir meilleur.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à M. le président de la commission des questions politiques.

M. ATEŞ (Turquie) président de la commission (Interprétation) souligne que le fait que le Conseil de l’Europe doive se concentrer sur ses objectifs essentiels conduira l’Assemblée à repenser sa façon de travailler. Elle est au cœur du Conseil, mais elle est aussi l’organe qui lui permet de s’ouvrir vers l’extérieur. Elle doit donc être attentive aux évolutions qui se produisent dans les parlements et dans les différents pays, et rester ainsi en contact avec la population. Son mode de travail doit donc être ouvert et c’est dans cet esprit que doit être mis en œuvre le document de Varsovie.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La discussion générale est close.

La commission des questions politiques a présenté un projet de recommandation contenu dans le document 10602 et ainsi rédigé:

«Projet de recommandation

1. L’Assemblée parlementaire se félicite des résultats du Troisième Sommet des chefs d’État et de Gouvernement du Conseil de l’Europe, qui s’est tenu à Varsovie les 16 et 17 mai 2005.

2. Elle note avec satisfaction que la majorité de ses propositions, contenues dans la Recommandation 1693 (2005), ont été incluses partiellement ou intégralement dans les documents finals du Sommet, et notamment la Déclaration et le Plan d’Action de Varsovie.

3. Cependant, le succès définitif du Sommet dépendra de la suite donnée aux décisions prises à Varsovie. La mise en œuvre desdites décisions est à présent une priorité absolue. Aussi l’Assemblée se déclare‑t‑elle prête à jouer un rôle en la matière.

4. Les parlements nationaux devraient recevoir des informations précises sur les décisions prises lors du Sommet et s’engager dans la réflexion sur la suite à leur donner. Par conséquent, l’Assemblée appelle ses délégations nationales à organiser des débats sur la mise en œuvre des décisions du Sommet au sein de leurs propres parlements.

5. L’Assemblée se félicite que le Sommet ait réaffirmé la préservation et la promotion des droits de l’homme, de la démocratie et de l’État de droit comme objectifs statutaires du Conseil de l’Europe. Elle apprécie la détermination des États membres à renforcer le rôle du Conseil de l’Europe en tant que mécanisme efficace de coopération paneuropéenne dans ce domaine, dans l’objectif de favoriser l’avènement d’une Europe sans clivages. Le Conseil de l’Europe devrait promouvoir ses valeurs au moyen d’une politique de voisinage adéquate.

6. L’Assemblée appuie sans réserve l’engagement affirmé à Varsovie par les Chefs d’État et de Gouvernement de respecter pleinement leurs obligations en tant que membres. Les mécanismes de suivi devraient être maintenus dans un esprit constructif et d’égalité pour tous. Dans ce contexte, il convient de souligner l’importance du dialogue entre l’Assemblée parlementaire et le Comité des Ministres.

7. Pour ce qui est d’assurer l’efficacité de la Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH), l’Assemblée note avec satisfaction la proposition d’établir un «Comité des sages» pour examiner la question. Compte tenu du rôle statutaire de l’Assemblée eu égard à la Cour, de son intérêt et de son engagement de longue date dans la réforme et l’essor de cette dernière, il est clair que l’Assemblée devrait être invitée à prendre part au travail de ce comité. L’Assemblée est profondément convaincue que la mise en œuvre des jugements de la Cour est d’une importance capitale et que cette question doit être partie intégrante de la réflexion future.

8. Dans les Lignes directrices sur les relations entre le Conseil de l’Europe et l’Union européenne, les Chefs d’État et de Gouvernement ont reconnu l’importance d’une adhésion rapide de l’UE à la CEDH; l’Assemblée espère que cette étape essentielle restera un objectif immédiat tant pour le Conseil de l’Europe que pour l’Union européenne, indépendamment des événements relatifs à la ratification du Traité établissant une Constitution pour l’Europe.

9. L’Assemblée salue la décision de créer un  du Conseil de l’Europe pour l’avenir de la démocratie, chargé de la promotion de la démocratie. L’idée, lancée par l’Assemblée parlementaire, exige à présent une sérieuse réflexion axée sur les modalités de sa mise en œuvre. L’Assemblée est déterminée à jouer un rôle de premier plan dans ce processus et par là même elle souhaite y être étroitement associée. L’Assemblée estime que ce  devrait être composé d’un nombre égal de représentants de l’Assemblée, du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe, des gouvernements et de la société civile. Il devrait tenir des réunions plénières au moins une fois par an et disposer de son propre secrétariat permanent. Il devrait par ailleurs adopter et publier régulièrement des rapports et des recommandations sur l’état de la démocratie dans les États membres du Conseil de l’Europe et sur les mesures envisageables pour remédier aux situations peu satisfaisantes; ces documents devraient être adressés à l’Assemblée, au Comité des Ministres et aux gouvernements concernés. Le  devrait travailler de façon complémentaire avec la Commission européenne pour la démocratie par le droit (Commission de Venise).

10. Il convient de rappeler à cet égard que, dans un passé récent, l’Assemblée a adopté une série de textes sur des questions majeures comme le fonctionnement des partis politiques, les codes électoraux, les bonnes pratiques en matière de référendums, les nouveaux concepts pour évaluer l’état de développement de la démocratie, les partis extrémistes, la surveillance parlementaire des institutions internationales et, plus récemment, «L’avenir de la démocratie: renforcer les institutions démocratiques». L’Assemblée invite sa commission des questions politiques à poursuivre sa réflexion sur le sujet.

11. L’Assemblée exprime sa satisfaction quant à la proposition d’établir un centre d’expertise sur la réforme des pouvoirs locaux pour promouvoir la démocratie et la bonne gouvernance aux niveaux local et régional.

12. L’Assemblée salue la décision, prise lors du troisième Sommet, qui prévoit que le Conseil de l’Europe prépare et mène une campagne paneuropéenne pour combattre la violence à l’encontre des femmes, y compris la violence domestique. Etant donné l’augmentation constante du chiffre des victimes de la violence domestique, l’Assemblée estime que cette campagne devrait être organisée en 2007 et décide de lancer cette campagne à ce moment‑là.

13. L’Assemblée note avec satisfaction l’engagement des Chefs d’État et de Gouvernement d’assurer la cohésion sociale et se déclare prête à collaborer avec une task force de haut niveau dans le but d’examiner la stratégie de cohésion sociale du Conseil de l’Europe pour le XXIe siècle. Dans ce contexte, l’Assemblé souligne l’importance de l’unité dans la diversité.

14. De la même façon, la détermination exprimée lors du Sommet de promouvoir efficacement les droits des enfants et de prendre des mesures spécifiques pour éradiquer toutes les formes de violence à l’égard des enfants, dont l’exploitation sexuelle, bénéficie du soutien sans faille de l’Assemblée. Le programme d’action triennal initié lors du Sommet, portant sur les dimensions sociale, juridique, sanitaire et éducative des diverses formes de violence à l’encontre des enfants, exigera que soient élaborés des instruments juridiques internationaux, ce à quoi souhaite contribuer l’Assemblée.

15. L’engagement pris d’intensifier les efforts pour donner aux jeunes la possibilité de participer activement aux processus démocratiques, ainsi que le lancement d’une campagne paneuropéenne de la jeunesse destinée à promouvoir la diversité, l’intégration et la participation à la société, méritent le plein soutien de l’Assemblée.

16. Le nouvel élan conféré par le Sommet au dialogue interconfessionnel et interculturel est une belle réussite aux yeux de l’Assemblée qui s’était efforcée d’instaurer un tel dialogue avec les voisins de l’Europe en Asie centrale, au Proche‑Orient et dans le sud de la Méditerranée et elle envisage de consolider ce dialogue à l’avenir.

17. L’Assemblée note avec satisfaction que de nombreux autres défis auxquels sont confrontés nos sociétés, comme la gestion des migrations, le développement durable, la démocratie régionale et locale, la lutte contre le terrorisme, la corruption et le crime organisé, mais aussi l’élargissement du rôle de la Banque de développement du Conseil de l’Europe, ont été évoqués dans les documents finals adoptés par le Sommet. Les commissions concernées de l’Assemblée leur accorderont toute l’attention requise.

18. En ce qui concerne l’architecture européenne, l’Assemblée note avec satisfaction que les Chefs d’État et de Gouvernement ont exprimé un réel intérêt pour une construction européenne fondée sur une coopération et une coordination étroites entre les organisations internationales et activée par la synergie et la complémentarité résultant de leurs compétences et expertises respectives.

19. L’Assemblée salue notamment la décision de confier à M. Jean‑Claude Juncker, Premier Ministre du Luxembourg, la mission de préparer un rapport au sujet des relations entre le Conseil de l’Europe et l’Union européenne, sur la base des décisions prises à l’occasion du Sommet et en tenant compte de l’importance de la dimension humaine de la construction européenne. Elle espère que le rapport indiquera la voie à suivre pour une coopération efficace, et offre son plein soutien ainsi que sa contribution à la mission de M. Juncker.

20. L’Assemblée est par ailleurs satisfaite de la déclaration commune sur un renforcement de la coopération entre le Conseil de l’Europe et l’OSCE et soutient toute mesure destinée à améliorer ladite coopération au plan pratique et les actions communes là où cela s’avère nécessaire.

21. La dimension parlementaire devrait être davantage présente dans les relations entre les organisations internationales. L’Assemblée renouvelle en particulier le souhait d’être, avec le Parlement, des participants à part entière aux réunions quadripartites entre l’Union européenne et le Conseil de l’Europe.

22. L’Assemblée se félicite de l’ouverture à la signature de trois conventions du Conseil de l’Europe relatives au terrorisme, au crime organisé et à la traite des êtres humains, qui ont été signées respectivement par dix‑huit, onze et quatorze pays et elle invite néanmoins les États membres qui ne l’ont pas encore fait à les signer au plus vite, et les parlements nationaux à les ratifier sans plus attendre.

23. L’Assemblée regrette que sa proposition d’établir un recueil des principales conventions comportant des dates limites pour leur ratification n’ait pas été incluse dans le Plan d’action. L’Assemblée espère que le Comité des Ministres reconsidèrera ce sujet dans un futur pas trop lointain.

24. L’Assemblée invite ses commissions à examiner les décisions prises par les Chefs d’État et de Gouvernement dans leurs domaines de compétence respectifs, à reconsidérer leurs programmes de travail pour les mettre en harmonie avec les priorités du Sommet et à proposer à l’Assemblée des moyens concrets de contribuer à leur mise en œuvre. L’Assemblée devrait se fixer pour but d’élaborer son propre «Plan d’action» centré sur les objectifs fondamentaux du Conseil de l’Europe.

25. L’Assemblée recommande au Comité des Ministres:

i. d’activer la coopération avec l’Assemblée parlementaire concernant l’application des décisions du Sommet et de présenter à l’Assemblée, à l’occasion de sa partie de session d’octobre, un calendrier d’actions;

ii. d’inviter le Président de l’Assemblée à présenter une candidature au Comité des sages qui devra réfléchir à la façon d’augmenter l’efficacité de la CEDH;

iii. de constituer un groupe de travail chargé de déterminer les modalités de fonctionnement du  pour l’avenir de la démocratie et d’associer aux travaux de ce groupe des représentants de l’Assemblée. Ce groupe devrait se réunir sans délai et établir un calendrier dans la perspective de créer le  en 2006;

iv. de démarrer les préparatifs de la campagne pour lutter contre la violence à l’égard des femmes, y compris la violence domestique, pour pouvoir la lancer en 2007 avec l’Assemblée;

v. d’associer l’Assemblée aux travaux d’une task force de haut niveau chargée d’examiner la stratégie de cohésion sociale du Conseil de l’Europe pour le XXIe siècle;

vi. d’optimiser la volonté de l’Assemblée de contribuer à un programme d’action triennal portant sur les dimensions sociale, juridique, sanitaire et éducative des diverses formes de violence à l’égard des enfants;

vii. d’associer l’Assemblée à une campagne paneuropéenne de jeunesse destinée à promouvoir la diversité, l’intégration et la participation à la société;

viii. de permettre la participation de l’Assemblée, ainsi que celle du Parlement européen, aux réunions quadripartites entre le Conseil de l’Europe et l’Union européenne;

ix. de tenir à la disposition du Conseil de l’Europe les fonds nécessaires pour qu’il puisse traduire rationnellement, dans les faits, les tâches et les priorités identifiées par le Sommet et d’assurer que des ressources financières et autres soient allouées à la Cour européenne des Droits de l’Homme;

x. de créer un groupe de travail mixte avec l’Assemblée parlementaire sur la mise en œuvre du Plan d’Action du 3ème Sommet.»

Sur ce projet de recommandation, onze amendements ont été déposés. Ils seront appelés dans l’ordre auquel ils s’appliquent au texte, tel que publié dans le bulletin de la présente séance, à savoir les amendements nos 11, 2, 3, 5, 6, 10, 7, 4, 9, 8 et 1.

L’amendement n° 11, présenté par Mme Severinsen, Lord Russell‑Johnston, Lord Judd, MM. Gross et Gardetto, tend à remplacer le paragraphe 6 par le paragraphe suivant:

«L’Assemblée est convaincue que le caractère non discriminatoire de la procédure de suivi du Conseil de l’Europe doit être assuré grâce à un examen complet et systématique du respect par tous les États membres du Conseil de l’Europe de la totalité des obligations et engagements qu’ils ont contractés lors de leur adhésion. A cet égard, elle souligne l’importance de la procédure de suivi pays par pays de l’Assemblée, ainsi que la nécessité de resserrer la coopération, la concertation et la coordination des activités entre le Conseil de l’Europe et l’Union européenne, notamment dans le contexte de son élargissement futur et de la Politique européenne de voisinage.»

La parole est à Mme Severinsen.

Mme SEVERINSEN (Danemark) (Interprétation) indique qu’il s’agit de montrer que dans la procédure de suivi, l’Assemblée, sans faire deux poids deux mesures, adopte une approche pays par pays. L’amendement insiste également sur la nécessité d’une coopération plus étroite entre l’Union européenne et le Conseil de l’Europe.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Quel est l’avis de la commission?

M. ATEŞ (Turquie) (Interprétation) donne un avis favorable.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Je mets aux voix l’amendement n° 11.

L’amendement est adopté.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – L’amendement n° 2, présenté par MM. Holovaty, McNamara, Mme Wohlwend, MM. Cilevičs, Bruce, Jurgens, Bindig, tend au paragraphe 7, à remplacer la dernière phrase par la phrase suivante:

«L’Assemblée est profondément convaincue que la bonne exécution des arrêts de la Cour est d’une importance capitale; en particulier, il est indispensable de régler les problèmes structurels mis en évidence dans les ordres juridiques internes, qui contribuent pour une grande part à alourdir la charge de travail de la Cour en engendrant continuellement des «affaires clones».»

La parole est à M. Holovaty.

M. HOLOVATY (Ukraine) (Interprétation) dit que l’amendement met l’accent sur des problèmes structurels dans les ordres juridiques internes, qui nuisent à l’efficacité du travail de la Cour européenne des Droits de l’Homme.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Quel est l’avis de la commission?

M. ATEŞ (Turquie) (Interprétation) fait part de son accord.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Je mets aux voix l’amendement n° 2.

L’amendement est adopté.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – L’amendement n° 3, présenté par MM Holovaty, McNamara, Mme Wohlwend, MM. Cilevičs, Bruce, Jurgens, Bindig, tend à la fin du paragraphe 8, à ajouter les mots suivants:

«L’Assemblée note avec satisfaction que les Lignes directrices évoquent la question de la complémentarité entre le Conseil de l’Europe et la future Agence des droits fondamentaux de l’UE et réitère les propositions formulées dans sa Résolution 1427 (2005) concernant la meilleure façon de parvenir à ce résultat.»

La parole est à M. Holovaty.

M. HOLOVATY (Ukraine) (Interprétation) précise que l’amendement a trait aux problèmes qui pourraient être liés à la création de la future Agence des droits fondamentaux de l’Union. Il convient en particulier d’éviter les doublons.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Quel est l’avis de la commission?

M. ATEŞ (Turquie) (Interprétation) dit que la commission s’est prononcée en faveur de l’amendement.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Je mets aux voix l’amendement n° 3.

L’amendement est adopté.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – L’amendement n° 5, présenté par MM. Kosachev, Gardetto, Eltsov, Slutsky, Chernyshenko, Cilevičs, tend après le paragraphe 8, à insérer le paragraphe suivant:

«L’Assemblée accueille avec satisfaction la décision de poursuivre les travaux du Conseil de l’Europe sur la protection des droits des minorités nationales, en particulier dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention‑cadre, ainsi que l’intention du Conseil de rester actif dans la domaine de la nationalité et de la promotion de l’acquisition de la citoyenneté. Elle invite sa commission des questions juridiques et des droits de l’homme, et notamment sa sous‑commission sur les droits des minorités, à participer activement à ces travaux.»

La parole est à M. Kosachev

M. KOSACHEV (Fédération de Russie) (Interprétation) rappelle qu’une des fonctions clef du Conseil est de protéger les droits des minorités nationales et qu’il vaut la peine de le rappeler dans le projet de résolution car il existe un certain nombre de situations préoccupantes. Ainsi, la Lettonie, qui a ratifié la convention cadre, ne peut l’appliquer aux minorités et l’Ukraine vient d’interdire l’usage de la langue russe dans la péninsule de Crimée, pourtant majoritairement russophone.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Quel est l’avis de la commission?

M. ATEŞ (Turquie) (Interprétation) émet un avis favorable.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Je mets aux voix l’amendement n° 5.

L’amendement est adopté.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – L’amendement n° 6 présenté par MM. Kosachev, Gardetto, Eltsov, Slutsky, Chernysenko, Cilevičs tend, au paragraphe 9, à remplacer les quatrième, cinquième et sixième phrases par la phrase suivante:

«L’Assemblée estime que sa commission des questions politiques devrait rapidement élaborer un rapport formulant des propositions pour l’organisation et le fonctionnement pratiques de ce .»

La parole est à M. Kosachev.

M. KOSACHEV (Fédération de Russie) retire l’amendement.

LE PRÉSIDENT (Interprétation) en prend acte et appelle l’amendement n° 10, qui, présenté par MM. Bindig, Mme Jäger, M. McNamara, Lord Judd, MM. Cilevičs, Ateş, Gülçiçek, Slutsky, tend, au paragraphe 10, après les mots «le fonctionnement des partis politiques,», à insérer les mots: «la liberté d'expression dans les médias,».

La parole est à M. McNamara.

M. McNAMARA (Royaume‑Uni) (Interprétation) dit qu’il s’agit de réparer un oubli relatif à la liberté d’expression des médias.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Quel est l’avis de la commission?

M. ATEŞ (Turquie) (Interprétation) est pour.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Je mets aux voix l’amendement n° 10.

L’amendement est adopté.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – L’amendement n° 7, présenté par MM. Kosachev, Gardetto, Eltsov, Slutsky, Chernyshenko, Cilevičs, tend, après le paragraphe 11, à insérer le paragraphe suivant: «L’Assemblée relève l’intérêt manifesté par le Sommet pour la question de la libre circulation des personnes. Il est particulièrement important que l’Union européenne soit associée aux travaux en la matière. Néanmoins, l’Assemblée estime que l’Organisation est capable, parallèlement à l’échange de bonnes pratiques, de prendre des initiatives pour améliorer la liberté de circulation et de mettre en place des instruments paneuropéens visant à remplacer le système obsolète de visas par de nouvelles modalités permettant aux Européens de se déplacer librement sur l’ensemble du continent.»

La parole est à M. Kosachev.

M. KOSACHEV (Fédération de Russie) (Interprétation) veut insister sur le droit fondamental à la libre circulation.

Beaucoup de citoyens dans l’espace du Conseil de l’Europe jouissent de la liberté de circulation alors que d’autres en sont privés. Pourtant à l’époque de l’Union soviétique on faisait pression sur celle‑ci pour qu’elle assouplisse le régime des visas!

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à M. Van den Brande contre l’amendement.

M. Van den BRANDE (Belgique) (Interprétation) poursuit le même objectif, mais estime que l’amendement n’a pas sa place dans ce texte.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Quel est l’avis de la commission?

M. ATEŞ (Turquie) (Interprétation) dit que la commission s’oppose à l’amendement.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Je mets aux voix l’amendement n° 7.

L’amendement n’est pas adopté.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – L’amendement n° 4, présenté par M. Legendre, Lord Russell‑Johnston, Mme Rugāte, MM. Chernyshenko, Fomenko, Glăvan, Mme Gajdůšková, Mme Pericleous Papadopoulos, MM. Sudarenkov, Korobeynikov, Jařab, Coşkunoğlu, Mme Fernández‑Capel, Baroness Hooper, M. Devínsky, Mmes Westerlund Panke, Brasseur, MM. Schneider, Lengagne, tend, après le paragraphe 14, à insérer les paragraphes suivants:

«La coopération culturelle est une activité statutaire du Conseil de l’Europe, tel qu’énoncé dans le Statut du Conseil de l’Europe et dans la Convention culturelle européenne, qui célèbre cette année son 50e anniversaire. L’Assemblée réitère qu’il importe de mener une politique d’action commune visant à encourager la redécouverte de la culture européenne et à sauvegarder le patrimoine culturel commun de l’Europe. Si l’on veut que l’unité européenne devienne une réalité dans le cœur et les mentalités de tous les Européens, il est nécessaire que le Conseil de l’Europe poursuive son action, en coopération avec l’Union européenne, en faveur de l’affirmation d’une identité culturelle européenne. A cet égard, l’Assemblée s’associe aux priorités de la présidence portugaise du Comité des Ministres.

L’Assemblée se réjouit de la convergence entre les textes adoptés au Sommet de Varsovie et la Déclaration des Ministres de la culture, de l’éducation, de la jeunesse et du sport faite à Wroclaw (décembre 2004) en soulignant «l’importance primordiale de la coopération culturelle dans la promotion des valeurs fondamentales de notre Organisation».

L’Assemblée veut s’assurer que la culture est définie dans le sens le plus large pour inclure le patrimoine et prie instamment les états membres de signer et de ratifier la Convention‑cadre du Conseil de l’Europe sur la valeur du patrimoine culturel pour la société.

Depuis toujours, le sport fait partie de la culture européenne. Le sport pour tous est une composante de l’éducation et est reconnu comme élément des politiques d’intégration, de cohésion sociale, de développement de la citoyenneté et de lutte contre le hooliganisme. Son maintien et son développement dans le programme de travail du Conseil de l’Europe sont plus que jamais d’actualité.

L’Assemblée souligne aussi l’importance de veiller strictement au respect de la liberté d’expression et de l’information et réitère sa demande que le Comité des Ministres continue à suivre la situation des médias dans les pays membres».

LE PRÉSIDENT (Interprétation) propose que, conformément à l’article 34.9c du Règlement, cet amendement soit examiné par division afin que l’Assemblée puisse se prononcer sur chacune de ses parties. Le président de la commission des questions politiques a fait part de son accord sur cette procédure.

Cet amendement sera donc examiné paragraphe par paragraphe.

La parole est à M. Legendre pour présenter le premier paragraphe de son amendement.

M. LEGENDRE (France). – Je vous remercie, Monsieur le Président, d’avoir proposé d’examiner l’amendement par division. En fait la présentation d’un seul amendement aussi long est due à une erreur du service de la séance. En effet, nous avions initialement déposé cinq amendements qui ont été adoptés à l’unanimité par la commission des affaires culturelles, et non pas un seul. Vous rétablissez ainsi l’intention des auteurs de l’amendement.

Avec ce premier paragraphe nous voulons rappeler la grande importance de la culture et de la coopération culturelle. Nous sommes au cœur d’une des missions du Conseil de l’Europe.

Les paragraphes suivants ont pour objectif de préciser ce que nous entendons par «culture», en rappelant que celle‑ci inclut le sport, le patrimoine et que nous devons porter une attention toute particulière à la protection de la liberté des médias.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – M. Van den Brande, au nom de la commission des questions politiques, a présenté un sous‑amendement oral qui tend à reformuler le premier paragraphe de la manière suivante:

«La coopération culturelle est une activité statutaire du Conseil de l’Europe. L’Assemblée réitère qu’il importe de mener une politique d’actions communes visant à encourager la redécouverte de la culture européenne et à sauvegarder le patrimoine culturel commun de l’Europe, et qu’il est nécessaire que le Conseil de l’Europe poursuive son action, en coopération avec l’Union européenne, en faveur de l’affirmation d’une identité culturelle européenne.»

J’estime que, conformément à l’article 34.6 du Règlement, ce sous‑amendement oral est recevable car il apporte une clarification. Néanmoins il ne sera pas pris en considération si dix représentants ou suppléants dûment désignés au moins s’y opposent.

Y a‑t‑il des objections à la prise en considération de ce sous‑amendement oral?...

La parole est à M. Van den Brande pour défendre le sous‑amendement oral.

M. Van den BRANDE (Belgique) (Interprétation) déclare qu’il importe de se concentrer sur la mise en œuvre du plan d’action de Varsovie.

LE PRÉSIDENT (Interprétation) demande l’avis de l’auteur de l’amendement.

M. LEGENDRE (France). – Favorable.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Quel est l’avis de la commission?

M. ATEŞ (Turquie) (Interprétation) est d’accord avec le sous–amendement oral.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Je mets aux voix le sous‑amendement oral.

Le sous‑amendement est adopté.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Le premier paragraphe de l’amendement n° 4 est ainsi rédigé.

La parole est à M. Legendre pour présenter le deuxième paragraphe de l’amendement n° 4.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à M. Legendre, pour soutenir le paragraphe 2 de son amendement.

M. LEGENDRE (France). – Il s’agit de constater une convergence au Sommet de Varsovie, rappelant l’importance de la coopération culturelle dans la promotion des valeurs de notre organisation. C’est donc un constat de satisfaction.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à M. le rapporteur, contre l’amendement.

M. Van den BRANDE (Belgique), (Interprétation) est un peu surpris que M. Legendre maintienne ce paragraphe, qui n’a pas sa place dans ce texte.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à M. Legendre.

M. LEGENDRE (France). – J’accepte le retrait de ce paragraphe.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Le deuxième paragraphe est retiré de l’amendement n° 4.

La parole est à M. Legendre pour soutenir le troisième paragraphe de cet amendement.

M. LEGENDRE (France). – Il y avait une ambiguïté dans la définition du mot «culture». Nous avons bien entendu les propos de notre Secrétaire Général qui a insisté, et nous l’en remercions, sur la défense du budget de la culture. Il nous paraît utile de rappeler que, dans notre esprit, la culture inclut le patrimoine, qui est l’un des fondements de l’identité européenne. Ce paragraphe vise à préciser le rôle du patrimoine dans la définition de la culture.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Quel est l’avis de la commission?

M. ATEŞ (Turquie) (Interprétation) donne un avis favorable.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Je mets aux voix le troisième paragraphe de l’amendement n° 4.

Ce paragraphe est adopté.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à M. Legendre pour soutenir le quatrième paragraphe de l’amendement n° 4.

M. LEGENDRE (France). – Nous nous sommes réjouis de voir le Conseil de l’Europe rappeler à plusieurs reprises l’action qu’il mène dans le domaine du sport. En même temps, nous ressentons quelques inquiétudes quant au financement de notre action en la matière. Il nous paraît donc utile de rappeler que le sport est une composante importante de la culture telle que nous l’entendons en Europe, de manière ce que le sport demeure bien au cœur des préoccupations du Conseil de l’Europe.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Quel est l’avis de la commission?

M. ATEŞ (Turquie) (Interprétation) donne également son accord.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Je mets aux voix le quatrième paragraphe de l’amendement n° 4.

Ce paragraphe est adopté.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à M. Legendre pour soutenir le cinquième paragraphe de son amendement.

M. LEGENDRE (France). – Notre session a débuté sur l’examen de l’important et utile rapport de notre collègue M. Jařab sur Médias et terrorisme. Il nous a paru important, à l’examen des conclusions de ce Sommet, de rappeler notre attachement viscéral à la liberté d’expression des médias.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Quel est l’avis de la commission?

M. ATEŞ (Turquie) (Interprétation) donne un avis favorable.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Je mets aux voix le cinquième paragraphe de l’amendement n° 4.

Ce paragraphe est adopté.

LE PRÉSIDENT (Traduction). ‑ Je mets aux voix l’ensemble de l’amendement n° 4 qui ne comporte plus que quatre paragraphes.

L’amendement, ainsi modifié, est adopté.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – L’amendement n° 9, présenté par MM. Kosachev, Gardetto, Eltsov, Slutsky, Chernyshenko, Cilevičs, tend, dans le projet de recommandation, paragraphe 17, à supprimer le mot: «le terrorisme,».

La parole est à M. Kosachev.

M. KOSACHEV (Fédération de Russie) (Interprétation) retire l’amendement.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – L’amendement n° 9 est donc retiré.

L’amendement n° 8, présenté par MM. Kosachev, Gardetto, Eltsov, Slutsky, Chernyshenko, Cilevičs, tend, dans le projet de recommandation, après le paragraphe 22, à insérer le paragraphe suivant:

«L'Assemblée se réjouit que le Conseil de l'Europe soit disposé à rechercher de nouvelles mesures pour combattre le terrorisme, à assurer une étroite coopération et à coordonner les efforts communs contre le terrorisme avec d'autres organisations internationales, en particulier l'Organisation des Nations unies. Elle rappelle ses précédentes résolutions et recommandations sur les questions de lutte contre le terrorisme et espère que le Comité des Ministres tiendra dûment compte des propositions qui y sont formulées ainsi que de celles soumises par les comités d'experts compétents.»

La parole est à M. Kosachev.

M. KOSACHEV (Fédération de Russie) (Interprétation) souligne que les trois conventions ouvertes à la signature lors du Sommet de Varsovie sont très importantes et il faut faire pression sur les États pour qu’ils les signent.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Quel est l’avis de la commission?

M. ATEŞ (Turquie) (Interprétation) est pour.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Je mets aux voix l’amendement n° 8.

L’amendement est adopté.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – L’amendement n° 1, présenté par M. Van den BRANDE, au nom de la commission des questions politiques, tend, paragraphe 25.iii, première phrase, après les mots: «un groupe de travail», à insérer le mot suivant: «mixte» et supprimer les mots suivants: «et d’associer aux travaux de ce groupe des représentants de l’Assemblée».

La parole est à M. le rapporteur.

M. Van den BRANDE (Belgique) (Interprétation) déclare que la création d'un groupe de travail mixte permettra à l'Assemblée d'être associée plus étroitement aux travaux.

LE PRÉSIDENT (Interprétation) constate que l’avis de la commission est évidemment favorable et met aux voix l’amendement n° 1.

L’amendement est adopté.

LE PRÉSIDENT (Interprétation) met aux voix l’ensemble du projet de recommandation contenu dans le document 10602, amendé, en rappelant que la majorité des deux tiers est requise.

Le projet de recommandation, amendé, est adopté. (Applaudissements)

M. Bindig vice‑président de l’Assemblée remplace M. van der Linden au fauteuil présidentiel.

6. Processus de réforme constitutionnelle en Arménie

LE PRÉSIDENT (Traduction). – L’ordre du jour appelle maintenant, dans le cadre de la procédure d’urgence, la présentation et la discussion du rapport de MM. Colombier et Jaskiernia, au nom de la commission de suivi, document 10601, ainsi que de l’avis oral de M. Jurgens, au nom de la commission des questions juridiques et des Droits de l’Homme.

Je vous rappelle que l’Assemblée devra en avoir terminé avec ce débat vers 13 heures. Il nous faudra donc interrompre l’audition des orateurs vers 12 h 45 pour entendre la réplique de la commission et procéder aux votes.

Quinze orateurs se sont fait inscrire et trois amendements ont été déposés. Je vous rappelle que l’Assemblée a décidé, au cours de sa séance de lundi après‑midi, de limiter le temps de parole des orateurs à quatre minutes.

La parole est à M. Jaskernia, co‑rapporteur de la commission de suivi.

M. JASKIERNIA (Pologne), rapporteur, (Interprétation) rappelle les faits qui ont justifié l’envoi d’une mission à Erevan en mai dernier. L’Arménie a pris beaucoup de retard dans l’élaboration d’une nouvelle constitution. La constitution actuelle ne garantit pas un bon équilibre des pouvoirs. Le Président cumule les compétences et l’indépendance de la justice n’est pas suffisamment assurée.

Le fait que le maire d’Erevan soit nommé par le Président et non pas élu n’est pas conforme aux normes du Conseil de l’Europe concernant l’autonomie locale. Il est vrai que le problème est délicat car la capitale regroupe le tiers de la population du pays, ce qui confère au maire un grand pouvoir.

Le rapport de la commission insiste aussi sur les progrès déjà réalisés dans le processus de révision constitutionnelle. L’essentiel est de favoriser la reprise du dialogue entre les forces politiques en présence, car actuellement l’opposition parlementaire boycotte les travaux de l’Assemblée nationale. Le précédent referendum constitutionnel a échoué car la campagne s’est déroulée dans un climat de méfiance. Il faut donc instaurer un nouveau climat de confiance et de liberté d’expression et insister auprès des autorités arméniennes pour que le prochain referendum se tienne au plus tard en novembre. Si les recommandations de la Commission de Venise sont respectées, il y a de bonnes raisons d’espérer un résultat positif. (Applaudissements)

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à M. Colombier, co‑rapporteur de la commission de suivi.

M. COLOMBIER (France), rapporteur. – Monsieur le Président, mes chers collègues, bien entendu, je souscris totalement aux propos de mon collègue M. Jaskierna qui vient de s’exprimer et je le remercie de me laisser un peu de temps pour le faire à mon tour.

Les délais fixés pour la réalisation des engagements par l’Avis n° 221 de l’Assemblée sur la demande d’adhésion de l’Arménie au Conseil de l’Europe sont dépassés depuis longtemps. Cependant nous avons bien conscience qu’il fallait laisser le temps nécessaire pour mettre toutes les chances de notre côté afin de réussir cette consultation, d’où le délai arrêté en novembre prochain et précisé par M. Jaskierna.

J’insisterai à mon tour sur les recommandations concernant notamment l’équilibre des pouvoirs entre Président et Parlement, l’indépendance du système judiciaire et l’élection du maire d’Erevan, qui n’ont pas encore été prises.

Je souhaite que nos collègues arméniens de la coalition et de l’opposition puissent lancer une campagne de sensibilisation bien préparée et professionnelle, tout de suite après l’adoption du texte en seconde lecture, et qu’ils mettent également en œuvre sans délai les recommandations de l’Assemblée concernant le pluralisme des médias afin de garantir un débat public aussi large que possible, et d’organiser un référendum en novembre 2005 au plus tard, dans les meilleures conditions, mettant tout en œuvre pour assurer une issue positive à cette consultation.

En conclusion, ce n’est pas le nombre de recommandations qui compte, si ce ne sont les recommandations qui influencent le plus le développement du processus démocratique. Je suis optimiste, car je constate que nos collègues arméniens de la coalition et de l’opposition, ici au Conseil de l’Europe, durant cette session, ont eu une attitude constructive et positive, ce qui, à mon avis, est de bon augure. (Applaudissements)

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à M. Jurgens, pour présenter l’avis oral de la commission des questions juridiques et des Droits de l’Homme.

M. JURGENS (Pays‑Bas), rapporteur pour avis, (Interprétation) se déclare tout à fait satisfait du travail de la commission de suivi. Etant lui‑même membre de la Commission de Venise, il suit le problème depuis l’année 2000. C’est parce que les recommandations de cette commission n’avaient pas été respectées par les autorités arméniennes que le référendum constitutionnel a échoué. Il est donc très important de faire pression sur les amis arméniens pour qu’ils tiennent compte de ces recommandations dans leur nouveau texte de Constitution. (Applaudissements)

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Dans la discussion générale, la parole est à M. Pourgourides.

M. POURGOURIDES (Chypre) (Interprétation) parle au nom du Groupe du parti populaire européen qui est convaincu de la nécessité pour l’Arménie d’adopter les amendements constitutionnels préconisés par la Constitution de Venise pour le bien du peuple et pour trouver sa place au sein de la famille européenne. Les Arméniens doivent savoir qu’il ne s’agit pas de leur imposer des mesures qui seraient contraires à leurs intérêts nationaux.

La base du système démocratique est d’assurer un juste équilibre entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire. La démocratie suppose une indépendance totale du pouvoir judiciaire, le pluralisme des médias, une représentation équilibrée des forces politiques, le respect de l’opposition politique. La Constitution doit être le garant de ces principes.

L’Arménie a un riche passé historique et une culture exceptionnelle, le Groupe du parti populaire européen considère que le peuple arménien mérite de vivre dans un pays dont la Constitution est conforme aux principes défendus par le Conseil de l’Europe. Il félicite les rapporteurs et espère que les forces politiques arméniennes s’associeront à la société civile pour faire un succès de la réforme constitutionnelle. (Applaudissements)

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à M. Eörsi.

M. EÖRSI (Hongrie) (Interprétation) s’exprime au nom du Groupe libéral, démocrate et réformateur. Dans Le Prince, Machiavel dit qu’un chef d’État et un législateur doit garder à l’esprit que les hommes agiront toujours selon leur naturel qui est fondamentalement mauvais. L’élaboration de la constitution arménienne est principalement l’œuvre du Président Kotcharian. Certains pays ont une conception erronée de ce qu’est une constitution. Ils la considèrent comme une législation contraignante imposée par la majorité alors que, si la constitution a bien des implications législatives, elle est avant tout le ciment moral d’une société. A la lecture du rapport, on a la nette impression que l’objectif visé par la constitution arménienne est de diviser la société et non de l’unir. A cet égard, même si leur réaction est compréhensible, il est regrettable que les partis d’opposition aient choisi de boycotter le travail parlementaire.

Il faut se demander à qui sert cette constitution. Certainement pas au peuple arménien qui a connu tant de souffrances. Le seul bénéficiaire en est le Président Kotcharian qui, en kidnappant le processus constitutionnel, semble appliquer la devise «diviser pour régner». On connaît les abus auxquels ont mené des systèmes politiques où l’exécutif nomme le législatif et le judiciaire. Pour éviter cet écueil, les autorités arméniennes doivent respecter les principes définis par le Commission de Venise. (Applaudissements)

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à M. Kolesnikov.

M. KOLESNIKOV (Fédération de Russie) (Interprétation) remercie, au nom du Groupe des démocrates européens, les rapporteurs, qui ont fait un excellent travail. Il est indubitable que les changements constitutionnels sont essentiels pour l’Arménie. La Constitution établie il y a dix ans constitue un obstacle pour les réformes démocratiques. L’année dernière, l’Assemblée parlementaire avait considéré que l’Arménie progressait dans la bonne voie mais qu’il subsistait certaines lacunes dans la réalisation des engagements pris. Parmi celles‑ci, l’Assemblée notait la réforme du processus électoral et celle du système judiciaire et des pouvoirs locaux qui nécessitaient une réforme constitutionnelle. La première réforme fut un échec même si plus de la moitié de la population s’était prononcée en faveur de celle‑ci. La Constitution arménienne exige en effet une majorité des deux tiers pour l’adoption d’un amendement à la Constitution. Une telle majorité demande une grande cohésion au sein de la population.

Le Conseil de l’Europe doit soutenir pleinement le processus de réforme constitutionnelle en Arménie. Le projet de résolution de l’Assemblée parlementaire va dans le même sens. Il est important qu’il rappelle aux forces politiques de l’opposition qui boycottaient les travaux du Parlement la nécessité de participer à la réforme. L’Arménie a déjà donné la preuve de sa capacité d’organiser des élections conformes aux normes internationales. Le référendum est lui aussi un processus électoral. On peut faire confiance à l’Arménie pour qu’il soit une réussite et qu’il donne à ce pays l’occasion de prouver sa volonté d’évoluer démocratiquement. (Applaudissements)

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à M. Rustamyan.

M. RUSTAMYAN (Arménie). – Monsieur le Président, chers collègues, je veux d’abord féliciter les deux co‑rapporteurs pour leur rapport très actuel. C’est le bon moment pour évaluer le processus de réforme constitutionnelle en Arménie. Mon pays est membre à part entière du Conseil de l’Europe. La discussion au sein de notre Organisation sera certainement utile pour indiquer clairement la voie à suivre. La nécessité d’une révision de la Constitution en vigueur est évidente.

Tout d’abord, il faut souligner que l’application pratique de l’actuelle Constitution a mis en évidence des lacunes conceptuelles qui font obstacle au développement démocratique du pays.

Ensuite, la Constitution ne permet pas de réaliser pleinement les engagements pris par l’Arménie lors de son adhésion au Conseil de l’Europe. Ces engagements touchent aux domaines essentiels de la vie politique d’État tels que la réforme du système judiciaire, l’institution d’un médiateur indépendant, la réforme de l’autonomie locale, la création d’autorités indépendantes de régulation des médias, la modification des pouvoirs de la Cour constitutionnelle.

Autre point primordial aujourd’hui: il nous faut étudier les causes essentielles de l’échec du premier referendum de 2003 et indiquer les pas nécessaires pour réussir le nouveau referendum. Ainsi il est indispensable de continuer la coopération active et intense entre les autorités arméniennes et la Commission de Venise pour élaborer un projet de Constitution conforme aux normes du Conseil de l’Europe. Cela doit comprendre bien entendu, la séparation et l’équilibre des pouvoirs, l’indépendance du système judiciaire et une véritable autonomie locale.

Après cela, on peut considérer comme condition suffisante le large consensus de la population pour atteindre le quorum nécessaire. En tout état de cause, la nécessité d’éliminer des obstacles et de créer des conditions favorables pour le développement du pays, nous oblige à effectuer ces changements indispensables. L’Arménie doit faire ce pas important et significatif vers les valeurs européennes. Toutes les forces politiques d’État, le pouvoir et l’opposition, doivent utiliser cette chance unique pour se réunir autour d’un projet de Constitution conforme aux normes du Conseil de l’Europe, mener une véritable campagne en faveur de la réforme et assurer le succès du referendum constitutionnel. (Applaudissements)

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à M. Mercan.

M. MERCAN (Turquie) (Interprétation) félicite les rapporteurs pour leur excellent travail avec lequel on ne peut qu’être d’accord. L’article 9 de la Constitution arménienne stipule que la politique étrangère de la république sera menée conformément aux normes du droit international en ayant pour but d’établir des relations de bon voisinage. Ce principe est excellent. Mais le préambule de l’actuelle Constitution se réfère aussi aux «aspirations nationales de la déclaration arménienne». Et cette dernière contient une contradiction. On y lit que la république arménienne appuiera les efforts pour gagner la reconnaissance internationale du génocide perpétré en 1915 sur le territoire de la Turquie et sur le territoire de l’Arménie occidentale.

L’orateur aimerait savoir ce que ses collègues arméniens entendent par «territoire de l’Arménie occidentale». Pour lui, ce territoire fait partie de la Turquie. Il est difficile d’établir des relations de bon voisinage si l’on réclame une partie du territoire de ses voisins dont la frontière a été reconnue par de nombreux traités internationaux. L’orateur demande à l’Assemblée parlementaire d’appuyer l’amendement n° 1 qui réaffirme l’intangibilité des frontières internationalement reconnues de l’Arménie. Le peuple arménien, qui a beaucoup souffert et qui souffre encore d’une crise économique grave, ne pourra que bénéficier de relations de bon voisinage avec la Turquie. (Applaudissements)

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à Mme Griffiths.

Mme GRIFFITHS (Royaume‑Uni) (Interprétation) félicite les rapporteurs pour leur travail constructif. Venant d’un pays qui n’a pas de constitution écrite, il peut paraître prétentieux de vouloir donner des conseils aux autres. Toutefois, la réforme constitutionnelle en Arménie revêt une grande importance pour une assemblée qui défend la promotion de la démocratie, des droits de l’homme et de l’État de droit. On comprend la frustration et l’exaspération de la Commission de Venise et des autres institutions qui travaillent sur cette question depuis plusieurs années.

Le rapport ne mentionne pas les problèmes de voisinage ni l’occupation du Haut‑Karabakh. Ce n’était certes pas le sujet essentiel. Mais il faut saisir chaque occasion d’inviter l’Arménie à adopter une attitude positive. L’oratrice s’est rendue dans ce pays en tant qu’observatrice et a constaté les difficultés qu’il rencontre. Elle pense que l’Assemblée parlementaire n’a pas encore pris la juste mesure du rôle que pourrait jouer l’Arménie dont la culture est extraordinaire mais qui est confrontée à une grave crise économique et à un important déficit démocratique. Ce pays est situé dans une région du monde caractérisé par d’importantes ressources énergétiques. Or le territoire de l’Arménie en est dépourvu ce qui la désavantage énormément par rapport aux pays voisins.

L’Assemblée parlementaire a le devoir de soutenir le processus démocratique en Arménie et l’oratrice approuve la mission d’observation de l’Assemblée parlementaire lors du référendum. (Applaudissements)

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à M. Kocharyan.

M. KOCHARYAN (Arménie) (Interprétation) remercie l’Assemblée parlementaire d’avoir organisé un débat qui traite de la démocratisation de son pays et de son intégration dans la famille européenne. Il tient à dire que les relations de bon voisinage ne se font pas en modifiant la Constitution mais en établissant des relations diplomatiques.

Son pays est confronté à un choix: soit il s’engage dans une véritable intégration européenne, soit il reste dans une intégration factice en maintenant une situation où prévaut la corruption, l’autoritarisme et où fleurissent les économies parallèles. Le régime autoritaire est basé sur la Constitution actuelle. Dans ces conditions, l’Arménie n’est pas en mesure de s’acquitter de ses obligations vis‑à‑vis du Conseil de l’Europe. Elle a le choix entre modifier la Constitution ou effectuer une révolution de velours.

La Commission de Venise et le Conseil de l’Europe ont joué un rôle important pour promouvoir la réforme constitutionnelle. La première lecture du texte n’a pas été approuvée par la Commission de Venise. Le 2 juin, un protocole a été signé au terme duquel les autorités arméniennes se sont engagées à respecter les desiderata de la Commission de Venise. Mais il faut aussi instaurer sur place une atmosphère de confiance susceptible de créer un climat qui permette d’atteindre le quorum. En novembre 2004, l’opposition avait présenté un projet de réforme constitutionnelle. Le 6 décembre 2004, les conclusions de la Commission de Venise montraient une similitude de vue avec les revendications de l’opposition. Le 31 mai 2005, l’opposition a réaffirmé sa volonté de coopérer à la réforme pour autant que les principes définis par la Commission de Venise soient respectés. Malgré le boycott du travail parlementaire, l’opposition est réellement prête à coopérer à la révision constitutionnelle dans ces conditions. (Applaudissements)

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à Mme Hajiyeva.

Mme HAJIYEVA (Azerbaïdjan) (Interprétation) dit à ses collègues arméniens que le respect des droits fondamentaux est une des clefs de la démocratie. La tolérance et le respect des minorités nationales et des religions en sont une autre. Quand un pays viole systématiquement les droits de l’homme et pratique une politique de nettoyage ethnique, il n’y a pas de démocratie possible. La Turquie et l’Azerbaïdjan souhaiteraient établir des relations diplomatiques de bon voisinage avec l’Arménie mais comment serait‑ce possible si l’Arménie persiste à violer l’intégralité territoriale de l’Azerbaïdjan, à occuper 20 % de son territoire et à ne pas reconnaître ses frontières? L’Arménie occupe le Haut‑Karabakh, territoire pourtant reconnu par la communauté internationale comme appartenant à l’Azerbaïdjan, ainsi que des territoires voisins, soit quelque 20 % de l’Azerbaïdjan. Quatre résolutions du Conseil de sécurité des Nations‑Unies demandant le retrait inconditionnel et immédiat des forces arméniennes du Haut‑Karabakh et des territoires voisins sont restés lettre morte.

En dépit de cela, l’Arménie continue à se montrer agressive. Pourtant, elle reste membre du Conseil de l’Europe et on vient maintenant parler de réforme constitutionnelle. Mais comment ce pays peut‑il devenir une véritable démocratie s’il ne reconnaît pas l’intégrité territoriale de ses voisins? L’agression arménienne a provoqué l’arrivée en Azerbaïdjan de plus d’un million de réfugiés qui voudraient aujourd’hui regagner leur pays. L’Arménie a perpétré des actes de nettoyage ethnique. On parle des droits des 100 000 Arméniens qui vivent en Azerbaïdjan mais on oublie ceux des 250 000 Azéris qui ont dû fuir l’Arménie en 1998. Pourquoi faire deux poids deux mesures? Pourquoi ne pas appeler les choses par leur nom? L’Arménie est un agresseur qui a provoqué une tragédie dans la vie de millions de personnes.

L’oratrice est très surprise que la commission de suivi n’ait pas appuyé l’amendement n° 1 qui demande simplement que le préambule de la constitution parle des frontières. Si l’Arménie ne reconnaît pas les frontières internationales, comment pourrait‑elle construire des relations de bon voisinage? Plus vite chacun le comprendra, plus vite on avancera. (Applaudissements)

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à M. Torosyan.

M. TOROSYAN (Arménie) (Interprétation) ne souhaite pas répondre à de telles calomnies.

Il remercie les rapporteurs pour leur travail scrupuleux, ainsi que la Commission de Venise pour sa coopération efficace depuis des années. Le rapport décrit un processus de réforme constitutionnelle très important pour l’approfondissement de la démocratie dans le pays et pour que l’Arménie puisse enfin tenir les engagements qu’elle a contractés.

M. Mercan a raison de dire que l’Arménie occidentale est une partie du territoire turc, mais le génocide a bien eu lieu sur le territoire de la Turquie ottomane et sur celui de l’Arménie occidentale, le rappeler n’a rien à voir avec la question des frontières. Le préambule est comme un serment prêté par le pays et par le peuple, il ne peut être modifié. C’est d’ailleurs ce qu’a affirmé la Commission de Venise, en dépit de la requête du représentant de l’Azerbaïdjan.

Il faut souligner le rôle important de l’Assemblée parlementaire dans l’assainissement de l’atmosphère politique en Arménie: depuis un an, la coopération avec l’opposition s’améliore. Il faut espérer que cette résolution aura le même effet positif et que chacun pourra se féliciter, en janvier prochain, de l’adoption de la révision constitutionnelle. L’Arménie pourra alors bénéficier des procédures de post‑suivi. (Applaudissements)

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à Mme Naghdalyan.

Mme NAGHDALYAN (Arménie) (Interprétation) remercie l’Assemblée parlementaire et la Commission de Varsovie et regrette que certains voient dans de tels débats l’occasion de régler des comptes et de répandre des calomnies. Un grand nombre de pays reconnaissent la vérité historique du génocide perpétré en 1915 par la Turquie ottomane. Ceux qui prétendent l’ignorer n’ont pas de leçons à donner!

Il ne faut pas oublier que la réforme constitutionnelle n’a pas été imposée à l’Arménie, mais qu’elle en a pris l’initiative parce qu’elle veut léguer une société normale à ses enfants. Cette réforme figurait non seulement dans les engagements souscrits par le pays lors de son entrée au Conseil, mais aussi dans les promesses de campagne du Président Kotcharian. Il faut aujourd’hui qu’elle soit menée à bien. Pour cela, le Conseil de l’Europe doit aider l’Arménie à surmonter ses épreuves sans quitter la voie du droit. Certains se demandent aujourd’hui s’il est vraiment nécessaire de modifier la constitution, d’autres sont attachés à des principes dépassés, mais tout le monde à désormais compris la nécessité de procéder à des changements et de mettre les droits de l’homme et les normes européennes à la base de tout.

Le succès du référendum suppose un large consensus populaire, il faut donc garantir le pluralisme et faire en sorte que le parti au pouvoir se montre ouvert et l’opposition responsable. Il serait heureux que la réflexion sur la Constitution permette de mettre fin au boycott du travail parlementaire par l’opposition.

Certains amendements portent en germe l’échec du référendum, ils doivent donc être rejetés. (Applaudissements)

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à M. Seyidov.

M. SEYIDOV (Azerbaïdjan) (Interprétation) observe que la réforme de la Constitution arménienne fait l’objet de débats depuis fort longtemps car l’analyse de ce document juridique de base permet de mieux comprendre la situation du pays. Malheureusement, cette réforme n’a pas été mise en œuvre et l’Assemblée s’est montrée bien patiente.

Cette Constitution pose de nombreux problèmes et le Conseil de l’Europe a essayé d’aider l’Arménie à les résoudre. Mais cela n’est possible que dans le cadre d’un respect mutuel. A défaut, il n’est pas possible de construire la maison commune. Or, les membres de la délégation arménienne refusent de reconnaître un État membre de ce Conseil. Comment serait‑il par ailleurs possible d’établir des relations diplomatiques normales quand un État occupe une partie du territoire de son voisin? Et c’est bien dans la Constitution arménienne qu’on trouve des exigences territoriales vis‑à‑vis de la Turquie. C’est toujours l’Arménie, qui à la suite de son agression, occupe une partie du territoire de l’Azerbaïdjan et refuse de reconnaître son intégrité territoriale.

Il est surprenant qu’au sein de la commission de suivi des membres de l’Assemblée aient essayé d’appuyer une position fondée sur des informations fausses et contestant les frontières internationalement reconnues. Comment trouver de véritables solutions quand on s’amuse à un petit jeu de ce type?

Pour que l’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Turquie vivent ensemble en bons voisins et habitent la maison commune de l’Europe, il faut que la première reconnaisse les frontières des autres et renonce à les attaquer et à violer le droit international.

L’orateur demande instamment à ses collègues de soutenir l’amendement n° 1 qui a été déposée par des membres de l’Assemblée, qui ont compris que ce n’est qu’en respectant le droit international qu’on pourra instituer des relations normales et même amicales entre les États membres. (Applaudissements)

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Il nous fait maintenant interrompre l’audition des orateurs. Les orateurs inscrits qui, présents pendant le débat, n’ont pu s’exprimer, peuvent déposer leur intervention au service de la séance pour une publication au compte rendu.

J’appelle la réplique de la commission de suivi. La parole est aux co‑rapporteurs.

M. JASKIERNIA (Pologne) (Interprétation) souligne que la question des frontières internationales intéresse la commission de suivi, mais ne relève pas de ce rapport, qui concerne uniquement la réforme constitutionnelle. De même, l’avis de la Commission de Venise que certains refusent d’accepter vise simplement à ce que le texte qui sera adopté soit conforme aux normes européennes. Parler, à propos du préambule, de déclaration d’indépendance de l’Arménie ne relève pas davantage du présent rapport. Y faire référence pourrait même inciter les forces nationalistes à faire échec au référendum. Dans le même esprit, le rapporteur est totalement opposé à l’amendement n° 1.

Bien évidemment, le Haut‑Karabakh préoccupe au plus haut point l’Union européenne, le Conseil de l’Europe, notamment la commission de suivi, l’OSCE et les Nations‑Unies, mais ce n’est absolument pas le sujet de ce rapport.

Le rapporteur conclut en remerciant la délégation arménienne pour sa coopération, ainsi que la Commission de Venise.

M. COLOMBIER (France). – Je souscris bien entendu totalement aux propos de notre ami M. Jaskierna.

Tout à l’heure, j’ai souligné l’attitude constructive et positive de la délégation arménienne, ici au Conseil de l’Europe. Je souhaite que cette coopération soit communicative en Arménie et qu’elle serve d’exemple dans le pays pour qu’en novembre prochain le référendum soit une réussite.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à Mme la vice‑présidente de la commission de suivi.

Mme SEVERINSEN (Danemark) (Interprétation) espère que ce débat contribuera au succès de ce référendum important car l’Arménie ne saurait se payer le luxe d’un deuxième échec. Elle doit modifier sa Constitution, c’est une condition préalable à l’organisation d’élections libres et équitables.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La discussion générale est close.

La commission de suivi a présenté un projet de résolution, contenu dans le document 10602, qui est ainsi rédigé:

«Projet de résolution

1. L'Assemblée parlementaire rappelle que la révision de la Constitution est une condition préalable à la satisfaction de certains des engagements les plus importants pris par l'Arménie lors de son adhésion au Conseil de l'Europe. Ces engagements portent sur la réforme du système judiciaire, la réforme de l'autonomie locale, l'institution d'un médiateur indépendant, la création d'autorités indépendantes de régulation des médias, la modification des pouvoirs de la Cour constitutionnelle et des conditions d'accès à cette cour. Les délais fixés pour la réalisation de ces engagements par l'Avis n° 221 (2000) de l'Assemblée sur la demande d'adhésion de l'Arménie au Conseil de l'Europe sont dépassés depuis longtemps.

2. L'Assemblée est par conséquent extrêmement préoccupée par le fait que le retard de l'adoption des amendements à la Constitution empêche le progrès de l'Arménie vers les normes et les règles démocratiques régissant les domaines essentiels de la vie politique.

3. L'actuelle Constitution, qui a été adoptée en 1995, a joué un rôle essentiel dans le développement de la démocratie et son caractère irréversible, et a permis à l'Arménie de devenir membre du Conseil de l'Europe. Toutefois, son application pratique au quotidien a mis progressivement plus en évidence de graves lacunes conceptuelles qui font désormais obstacle au développement démocratique du pays. Tout d'abord, la Constitution donne au Président des prérogatives excessives et ne prévoit pas une séparation nette et un équilibre des pouvoirs au sein des structures de l'État. L'absence de garanties constitutionnelles concernant les droits de l'homme fondamentaux, conformément aux normes européennes, est toute aussi grave.

4. L'Assemblée rappelle l'échec le 25 mai 2003 du premier référendum sur des amendements à la Constitution et le fait que les autorités à l'époque ne s'étaient pas engagées dans une campagne en faveur de la réforme car des élections parlementaires avaient eu lieu en parallèle. Le nouveau délai fixé par les Résolutions 1361 et 1405 (2004) de l'Assemblée pour la tenue d'un nouveau référendum constitutionnel – au plus tard en juin 2005 – n'a pas été respecté.

5. L'Assemblée rappelle qu'en 2001, les autorités arméniennes et la Commission européenne pour la démocratie par le droit (Commission de Venise) étaient parvenues à un projet de Constitution mutuellement acceptable et conforme aux normes européennes. Ce projet a subi toutefois des modifications importantes lors de son examen et de son adoption par le Parlement et le texte soumis au référendum en mai 2003 constituait un recul important. L'Assemblée insiste donc pour qu'un tel scénario ne se reproduise pas avec le nouveau projet.

6. L'Assemblée se félicite de la reprise depuis 2004 d'une coopération active et intense entre les autorités arméniennes et la Commission de Venise. Elle regrette toutefois qu'après plusieurs expertises des versions successives et la première lecture du projet au Parlement le 11 mai 2005, celui‑ci nécessite encore des modifications substantielles selon la Commission de Venise. Dans son deuxième avis intérimaire du 13 juin 2005, la commission a exprimé sa vive déception face à l'absence de résultats satisfaisants, en déplorant que les recommandations concernant notamment l'équilibre des pouvoirs entre Président et Parlement, l'indépendance du système judiciaire et l'élection du maire d'Erevan (et non sa nomination par le Président) n'aient pas été prises en compte.

7. L'Assemblée accueille favorablement le mémorandum de coopération future signé entre le groupe de travail de la Commission de Venise et les autorités arméniennes le 2 juin 2005. Elle félicite les autorités arméniennes d'avoir présenté une version améliorée du texte dans les délais convenus dans le mémorandum. Cependant, elle insiste que les amendements définitifs proposés soient réellement conformes à toutes les recommandations de la Commission de Venise et qu'ils soient approuvés tels quels par l'Assemblée nationale.

8. L'Assemblée souligne que le nouveau référendum constitutionnel ne peut réussir que s'il fait l'objet d'un très large consensus de la population. Outre la signification politique d'un tel acte, le consensus est également nécessaire pour des raisons techniques – les amendements constitutionnels doivent être approuvés par plus de 50% des voix exprimées et par au moins un tiers des électeurs inscrits. Il est, par conséquent, important de mettre à jour les listes électorales afin de permettre d'atteindre le quorum nécessaire.

9. L'Assemblée déplore la rupture du dialogue entre la coalition au pouvoir et l'opposition. Elle regrette que la coalition au pouvoir n'ait pas encore été capable d'accepter les trois demandes essentielles formulées par l'opposition, qui coïncident avec les recommandations de la Commission de Venise: séparation et équilibre des pouvoirs, indépendance du système judiciaire et véritable autonomie locale. Elle regrette également le fait que l'opposition ait eu recours au boycott des séances du Parlement. L'Assemblée espère donc vivement qu'un accord sur les trois points amènera l'opposition à retourner au Parlement.

10. L'Assemblée fait remarquer qu'une véritable campagne de sensibilisation en faveur de la réforme constitutionnelle ne pourra démarrer que lorsqu'un accord aura été trouvé concernant les derniers domaines problématiques. Si le dernier délai fixé pour la tenue du référendum  novembre 2005 – est respecté, tout nouveau retard dans la réalisation d'un consensus politique risque de mettre en danger les chances que le projet soit accepté par la population.

11. L'Assemblée réitère les préoccupations qu'elle a exprimées précédemment concernant le pluralisme des médias et une couverture politique équilibrée dans les médias électroniques. Les médias, et notamment la télévision, devraient jouer un rôle majeur en permettant à la population de faire un choix en toute connaissance de cause dans le référendum. L'une des principales causes des insuffisances actuelles tient d'ailleurs aux lacunes de la Constitution concernant la désignation des membres des organes de réglementation des médias de radiodiffusion.

12. L'Assemblée est persuadée que dans l'intérêt de sa population et pour garantir la poursuite de son intégration dans l'Europe, l'Arménie ne peut se permettre un nouvel échec du référendum constitutionnel. Elle soutient l'avis des experts de la Commission de Venise qui indique clairement la voie à suivre, et estime que les éléments nécessaires au succès de la réforme constitutionnelle seraient en place s'ils étaient accompagnés d'une volonté politique et d'une maturité démocratique.

13. Par conséquent, l'Assemblée invite les autorités arméniennes et la majorité parlementaire à:

i. mettre pleinement en œuvre les recommandations de la Commission de Venise;

ii. prendre des mesures claires et significatives pour renouer immédiatement le dialogue avec l'opposition;

iii. adopter le texte en seconde lecture sans modifier l'accord qui sera atteint avec la Commission de Venise sur les points mentionnés précédemment, et ce au plus tard au mois d'août 2005;

iv. retransmettre en direct les séances du Parlement au cours desquelles seront examinés et votés les amendements à la Constitution;

v. lancer une campagne de sensibilisation bien préparée et professionnelle tout de suite après l'adoption du texte en seconde lecture;

vi. mettre en œuvre sans délai les recommandations de l'Assemblée concernant le pluralisme des médias afin de garantir un débat public aussi large que possible;

vii. mettre à jour de toute urgence les listes électorales;

viii. organiser le référendum en novembre 2005, au plus tard.

14. L'Assemblée invite l'opposition à mettre fin à son boycott des séances du Parlement et à faire de son mieux pour la promotion des recommandations du Conseil de l'Europe concernant la réforme constitutionnelle.

15. L'Assemblée exprime son soutien à l'adoption d'un projet de Constitution qui est entièrement conforme aux normes du Conseil de l'Europe et demande à toutes les forces politiques et à la société civile d'assurer le succès de la réforme constitutionnelle.

16. L'Assemblée décide d'observer la tenue du référendum constitutionnel et, en attendant, se déclare disposée à fournir toute l'aide qui pourrait être nécessaire pour sa préparation.»

Sur ce projet de résolution, trois amendements ont été déposés. Ils seront appelés dans l’ordre dans lequel ils s’appliquent au texte, à savoir, nos 1, 2 et 3.

L’amendement n° 1 présenté par Lord Kilclooney of Armagh, MM. Reimann, Rigoni, Lindblad, Cekuolis, Bindig, Slutsky, Atkinson, Dzhabrailov, Çavuşoğlu, Cebeci, tend après le paragraphe 13.i, à insérer l'alinéa suivant:

«modifier le Préambule de la Constitution pour réaffirmer les frontières internationales de l'Arménie avec tous ses voisins, conformément aux traités internationaux en vigueur, et contribuer de la sorte à de bonnes relations de voisinage dans la région, ainsi que le prévoit l'article 9 de cette même Constitution;»

La parole est à M. Lindblad.

M. LINDBLAD (Suède) (Interprétation) souligne que cet amendement très important demande simplement à l’Arménie d’être un bon voisin.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à Mme Griffiths contre l’amendement.

Mme GRIFFITHS (Royaume‑Uni) (Interprétation) s’oppose à l’amendement car, s’il est bien sûr important d’être un bon voisin, cela n’a rien à voir avec le préambule de la constitution.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Quel est l’avis de la commission?

Mme SEVERINSEN (Danemark) (Interprétation) émet un avis défavorable.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Je mets aux voix l’amendement n° 1.

L’amendement n’est pas adopté.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – L’amendement n° 2 présenté par M. Jurgens, au nom de la commission des questions juridiques et des droits de l'homme tend, après le paragraphe 13.viii, à ajouter l'alinéa suivant:

«et veiller à ce que les réformes constitutionnelles entrent en vigueur dans les meilleurs délais possibles.»

La parole est à M. le rapporteur pour avis.

M. JURGENS (Pays‑Bas) (Interprétation) dit qu’il s’agit de rendre la résolution un peu plus ferme.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à M. Zavgayev contre l’amendement.

M. ZAVGAYEV (Fédération de Russie) (Interprétation) s’oppose à l’amendement car si quelque chose manque dans la constitution, il faut tout simplement demander qu’on l’ajoute, mais il ne sert à rien de demander plus de fermeté.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Quel est l’avis de la commission?

Mme SEVERINSEN (Danemark) (Interprétation) donne son accord à l’amendement.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Je mets aux voix l’amendement n° 2.

L’amendement est adopté.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – L’amendement n° 3 présenté par M. Jurgens, au nom de la commission des questions juridiques et des droits de l'homme tend, après le paragraphe 16, à ajouter le paragraphe suivant:

«A sa session de janvier 2006, l'Assemblée prendra acte du bilan du processus de réformes constitutionnelles; en cas de nouvel échec, elle envisagera la possibilité de contester les pouvoirs de la délégation arménienne.»

La parole est à M. le rapporteur pour avis.

M. JURGENS (Pays‑Bas) (Interprétation) dit que l’amendement vise à renforcer la résolution car, les choses traînant depuis pas mal d’années, il est important de dire que cette réforme constitutionnelle, annoncée par la délégation arménienne il y a déjà cinq ans, doit être maintenant adoptée.

Il indique qu’il accepte le sous‑amendement oral.

LE PRÉSIDENT (Interprétation) indique que, effectivement, MM. Colombier et Jaskiernia ont présenté, au nom de la commission de suivi, un sous‑amendement oral qui tend à remplacer les mots: «en cas de nouvel échec, elle envisagera la possibilité de contester les pouvoirs de la délégation arménienne.» par «et en tirera les conclusions qui s’imposent.»

Ce sous‑amendement oral peut être pris en considération au regard de l’articl 34.6 du Règlement, mais il ne sera pas examiné si dix représentants ou suppléants dûment désignés au moins s’y opposent.

Il constate que tel est le cas et que, en conséquence, le sous–amendement oral de la commission ne sera pas examiné.

Il donne la parole à M. Jaskiernia, contre l’amendement.

M JASKIERNIA (Pologne) (Interprétation) regrette vivement que le sous‑amendement soit ainsi rejeté car il était le fruit d’un compromis entre les deux commissions. Dans ces conditions, il souhaite que l’amendement n°3 ne soit pas adopté car il traduit une approche trop négative qui pourrait faire le jeu des opposants à la réforme constitutionnelle.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Quel est l’avis de la commission?

Mme SEVERINSEN (Danemark) (Interprétation) annonce que, compte tenu du rejet du sous‑amendement oral, la commission s’oppose à l’amendement. (Protestations)

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à M. Mercan.

M. MERCAN (Turquie) (Interprétation) demande si la commission a vraiment pris cette position sur l’amendement.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – La parole est à Mme la vice‑présidente de la commission.

Mme SEVERINSEN (Danemark) (Interprétation) répond que, tout le monde étant d’accord sur le sous‑amendement oral, la commission n’a pas eu besoin de voter sur l’amendement.

LE PRÉSIDENT (Interprétation) constate que, dans ce cas, il n’y a pas de position de la commission.

Il invite l’Assemblée à procéder au vote sur l’amendement.

M. CHRISTODOULIDES (Chypre) (Interprétation) demande la parole.

LE PRÉSIDENT (Interprétation) la lui refuse car le vote est engagé.

L’amendement n’est pas adopté.

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Je mets aux voix l’ensemble du projet de résolution contenu dans le document 10601, amendé.

Le projet de résolution, amendé, est adopté par 52 voix pour, 5 voix contre et 1 abstention. (Applaudissements)

7. Prochaine séance publique

LE PRÉSIDENT (Traduction). – Je propose à l’Assemblée de tenir sa prochaine séance publique cet après‑midi, à 15 heures, conformément à l’ordre du jour prévu au calendrier.

L’ordre du jour de la prochaine séance publique est ainsi réglé.

La séance est levée à 13 heures 05.

 http://assembly.coe.int/Documents/Records/2005-3/F/0506231000F.htm

 

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